[OUVERT] Epistolaire

[RP public ouvert à l'ensemble des Serdaigle]

Lorsqu’il se réveilla le lendemain dans son dortoir, il était encore très tôt et un rayon de soleil jetait son faisceau lumineux sur le velours bleu sombre de son baldaquin. Pendant plusieurs minutes, il resta immobile dans les draps, les yeux mi-clos, écoutant la respiration lente de ses camarades de dortoir. Tout était paisible, et il entendait une légère brise courir dans les arbres du parc. Puis, avec un léger soupir, il repoussa les couvertures et écarta ses rideaux le plus silencieusement possible. Le moindre frottement de tissu semblait exploser comme une bombe dans le silence du matin, et il agit en gestes précautionneux et mesurés pour retirer son uniforme de la valise où il l’avait soigneusement plié. Il lui fallut encore plus de temps pour se vêtir en étant sûr de ne réveiller personne, et jura intérieurement lorsque son sac glissa sur le côté dans un bruissement. Il grinça des dents, le récupéra, s’assurant qu’il contenait bien ses parchemins, un encrier et une plume, et se dirigea à pas feutrés dans le couloir après s’être assuré d’un coup d’œil dans le miroir que ses cheveux ne ressemblaient pas trop à un nid de corbeau.

Le couloir était désert, de même que la salle commune, où les cendres d’un feu plus tôt éteint s’effritaient doucement dans l’âtre, parant la statue de marbre blanc de Rowena Serdaigle d’ombres rougeoyantes. Il leva les yeux vers le plafond, peint d’étoiles et en forme de dôme, eut un bref sourire et hésita un instant sur la marche à suivre. Devait-il se rendre tout de suite à la Grande Salle pour son petit-déjeuner ou bien rester ici pour écrire la lettre qu’il avait promis d’envoyer à sa sœur dès son premier jour ? Son estomac gronda légèrement mais il résista à la tentation d’un toast et d’un verre de jus de citrouille pour aller s’asseoir à une des tables qui bordaient la cheminée, et sur laquelle une grande fenêtre en arcade, entre deux tentures bleues et bronze, jetait sa lumière dorée. Persée aperçut à travers la vitre les sommets des montagnes environnantes et le soleil qui commençait à s’élever, rouge sang, laissa dans sa rétine une tâche sombre tandis qu’il clignait des yeux.

Le tapis bleu nuit étouffa le bruit que fit son sac lorsqu’il le posa à côté de lui et qu’il se laissa tomber sur sa chaise. Il sortit de son sac un parchemin, une plume, laissa son regard erré sur les étagères qui couvraient les murs de la pièce circulaire et ouvrit son encrier en se demandant ce qu’il pourrait bien écrire, tentant d’imaginer Perséphone, elle aussi éveillée, mais sans doute encore dans sa chambre, assise sur son lit et emmitouflée sa robe de chambre, la plume levée, cherchant l’inspiration tout en veillant à ne pas laisser d’encre sur les draps.

Finalement, il eut un petit sourire pour lui-même et abaissa sa plume.

« Chère Perséphone,
Une fois n’est pas coutume, je me lève aux aurores pour tenir ma promesse et tout te raconter de ces premières heures à Poudlard. Sache que je t’écris cette lettre assis à l’une des tables de ma salle commune, celle de ma nouvelle maison, Serdaigle… »

La Cérémonie de Répartition avait été grandiose ! Elle rappelait à Eileen l’ambiance chaleureuse des cérémonies wiccannes qui avaient lieu au village. Elle aurait aimé que l’on chante, comme au village, lorsque vient la cérémonie religieuse. Mais tout cela n’avait pas eut lieu… Cependant le banquet avait été grandiose et tellement magique ! Elle avait toujours su que la Magie existait, mais là, elle la voyait plus que jamais autour d’elle, faisant vivre chaque être, chaque objet, et elle était profondément submergée par cette authenticité, cette beauté… Tout était si beau, si pur ! Bercée par la beauté des choses, elle s’était nourrie aussi bien physiquement que spirituellement. Cet univers l’avait conquise avant même qu’elle n’y pénètre. Et maintenant qu’elle était membre à part entière de cette si étroite communauté, elle était profondément touchée par ce don qui lui avait été offert à sa naissance… Elle ne pensait pouvoir, un jour, être aussi proche de la Magie… Elle avait tellement hâte de tout raconter à sa famille !

Fébrile, elle avait eu grand mal à trouver le sommeil la veille au soir. Eileen avait l’habitude de dormir avec ses sœurs, donc la compagnie des autres filles de son âge ne la gênait aucunement. Non, c’était ce cocktail émotionnel qui la prenait de ses entrailles et l’élevait vers une telle plénitude que retourner dans la vie réelle, pour y trouver le sommeil lui semblait être invraisemblable. De plus, ses pensées se disputaient en elles, chacune tentant d’avoir le dessus sur l’autre et elle s’emmêlait rapidement les pinceaux, troublée par tant de songes différents, survenant dans le même intervalle de temps. Elle pensait à sa famille, qui lui manquait déjà… A sa nouvelle vie, qui l’intriguait terriblement… Elle pensait aussi aux aventures qui l’attendaient ! A ce garçon qui avait tant fait parlé de lui… Un certain Harry Potter. Elle ne savait pas trop qui c’était, mais il semblait être célèbre (pour un élève de première année, c’était plutôt bizarre, de l’avis de la rouquine…). Elle songeait aussi à son apprentissage magique. Elle allait apprendre tant de choses, dans cette école ! Elle regrettait, d’ailleurs, de ne pas avoir les moyens de s’acheter un livre pour y noter ses impressions sur son apprentissage… Peut-être tenterait-elle de s’en fabriquer un prochainement (le plus tôt possible) avec les moyens dont elle disposerait (dans ce grand parc, il y aurait sûrement de quoi fabriquer une couverture…). Elle pensait à la nature, ce parc, ce lac qui l’avaient envoûtée… Elle avait hâte d’y aller, de s’y promener, de respirer l’air frai et vivifiant… Une atmosphère paisible l’entourait et c’est bercée par ces dernières pensées qu’elle finit par trouver le sommeil. Un sommeil profond et purificateur.

………………………………………

Le lendemain, ce fut le chant des oiseaux accompagnant un merveilleux lever de soleil qui éveillèrent la jeune rouquine. Baillant, elle s’étira avant de se redresser, les yeux rougis par la fatigue, les cheveux ébouriffés par la nuit passée, mais un large sourire rayonnant de bonheur, étirant ses lippes reflétait le bonheur de l’instant présent. Radieuse, la sorcière s’empressa de quitter son lit. Ses pieds nus caressèrent le sol en silence tandis qu’elle s’empressait de rejoindre la fenêtre de son dortoir, ses orteils caressant le sol sans un bruit. Discrète (quand elle ne parlait pas), Eileen savait se faufiler sans bruit (que ce soit en extérieur ou à l’intérieur…). Rêveuse, elle laissa ses prunelles voyager dans l’espace, sincèrement heureuse d’être arrivée dans un si bel endroit pour y passer 7 années d’étude… c’était inespéré ! Elle n’aurait jamais osé rêver pareil miracle… Et Pourtant, elle était là, maintenant… Ne tenant plus en place, elle quitta son observatoire, retira sa robe de chambre détendue, d’un blanc cassé et enfila en vitesse l’uniforme (un peu trop grand) de l’école. Elle était mal braillée et ses cheveux n’étaient pas coiffés, mais elle s’en moquait. Elle quitta sa chambre, une chaussette mieux montée que l’autre et déboula, tel un boulet de canon, dans la salle commune, équipée de parchemin bon marché, d’une plume un peu déplumée et d’un grand pot d’encre noire. Elle marqua un petit temps d’arrêt, lorsqu’elle vit qu’elle n’était pas seule en ces lieux. Un de ses camarades de classe était déjà attablé, rédigeant lui aussi une lettre. Curieuse, Eileen l’interrogea dans un sourire ravi :

« Bonjour ! Tu écris à ta famille ? »

Sans lui laisser le temps de répondre, elle poursuivit :

« Je peux me joindre à toi ? »

Pour écrire… Donc sur la même table. Elle trouvait ça plus convivial que d’être chacun sur sa table, à écrire dans son coin….

« Je suppose qu’en ce moment, tu dois être en train de m’écrire aussi – à moins que, comme à ton habitude, tu aies pris les devants et achevé ta lettre hier soir… »

Persée ne songeait plus vraiment à son petit-déjeuner qui l’attendait dans la Grande Salle – s’il parvenait à la retrouver, ce dont il doutait malheureusement fort, bien qu’elle se trouvât normalement à quelques étages en dessous de l’escalier de marbre.
Il ne songeait pas que s’il continuait à faire couler autant d’encre pour raconter une unique petite soirée, il finirait par être en retard.
Non. Tout ce qui lui importait, c’est qu’il avait l’impression d’être relié à Perséphone par ce parchemin, celui que bientôt Hermod emporterait avec lui, celui qui ferait sourire sa sœur jumelle lorsqu’elle le recevrait. Et il n’y avait pas que Serdaigle qui importait. Il y avait le château, il y avait le lac, le professeur Dumbledore, le professeur McGonagall, le parc, les barques. Il y avait ses camarades de classe – dont, il ne s’était pas privé pour en narguer Perséphone, Harry Potter, les armures dans les couloirs et le heurtoir en forme d’aigle à la question duquel il devait répondre s’il espérait pouvoir dormir dans son lit le soir venu. Il y avait donc une foule de petits détails de prime abord inintéressants, mais qui faisaient toute la valeur d’une lettre à Perséphone, et il y avait aussi les milliers de questions qu’il posait à sa sœur sur Beauxbâtons – non qu’après seulement quelques heures, elle soit tout à fait familière de la vie dans le palais non loin de Dijon, mais qu’importe.
Il était si absorbé par sa tâche qu’il ne vit pas plus qu’il n’entendit l’une de ses condisciples se diriger vers sa table.

« Bonjour ! Tu écris à ta famille ? »

Persée, qui avait pour ainsi dire oublié le monde alentour, sursauta violemment et manqua de renverser son encrier, sa plume laissant un large trait noir et sinueux sur le parchemin blanc. Il leva son regard, bleu et un peu déconcerté, vers une petite fille avec laquelle il lui semblait avoir partagé le festin de début d’année, la veille. Il reconnaissait les cheveux roux, la peau pâle et les yeux clairs, la robe de seconde main, un peu trop grande pour elle.
Cependant, il n’avait pas eu le temps de lui répondre qu’elle amorçait déjà un geste pour s’asseoir sur la chaise en face de lui, et ne put que lui adresser un léger signe de tête en signe de bienvenue.

« Je peux me joindre à toi ? »

Il hocha la tête une nouvelle fois, l’esprit encore un peu ailleurs et les mots ayant du mal à se frayer un passage dans son esprit – il ne savait si c’était le sommeil qui couvait encore ou le brusque retour au monde réel :

« Je… Oui, bien sûr. »

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire gêné tandis qu’il rebaissait les yeux vers sa lettre, où s’étirait toujours une balafre d’encre encore brillant.

« Désolé, je ne t’avais pas vue. J’étais… - il désigna d’un geste du menton la feuille – en train d’écrire à ma sœur. »

Il la vit prendre place du coin de l’œil, tandis qu’il se demandait s’il existait un sortilège qui pourrait faire disparaît la rature qui barrait la feuille, mais c’était sans espoir. Il poussa un profond soupir, passa une main sur ses yeux avec un petit rire et regarda à nouveau sa camarade de maison.

« Je m’appelle Persée. »

Puis, parce qu’il ne pouvait décemment pas penser à envoyer un tel torchon à Perséphone, pas plus qu’il ne trouverait le courage de recopier ce qu’il avait déjà écrit :

« Tu as la moindre idée de comment je pourrais arranger… ça ? »

C’est avec un étonnement plus que certain que la jeune sorcière vit son camarade sursauter violemment alors qu’elle s’adressait à lui. Haussement les sourcils, tout en écarquillant légèrement ses prunelles azurs, expression parfaite de la stupeur même, la rouquine songea un instant qu’elle aurait peut-être dû être un peu plus bruyante en descendant les escaliers et en s’approchant de son jeune camarade… pourtant, elle n’avait pas eu le sentiment d’être particulièrement discrète… pas forcément bruyante non plus, évidemment… mais elle n’avait jamais eu l’intention de surprendre son compagnon… Soit, elle saurait à l’avenir se faire un peu plus remarqué, de sorte à ne causer infarctus d’ici les 7 prochaines années…

« Excuse moi… »

Pour la surprise… Elle esquissa quand même un petit sourire ravi, parce qu’elle était drôlement contente d’avoir quelqu’un pour discuter, là, tout de suite, maintenant ! Elle avait beaucoup d’amis, avant, quand elle était au village, avec sa famille… mais c’était toujours des gens qu’elle connaissait depuis sa naissance, rares étaient les nouveaux venus… Nombreux étaient les départs, en revanche… C’est avec tristesse qu’Eileen avait ainsi perdu bon nombre de ses camarades de jeu, au fur et à mesure qu’elle grandissait… Mais en venant dans cette nouvelle école, en saisissant cette superbe opportunité, elle savait qu’elle allait faire de nombreuses rencontres et elle espérait bien compter un certain nombre d’amis, dans ces rencontres-ci…

« Merci… »

Elle prit place en face du garçon qui lui avait donné son accord pour qu’elle se joigne à lui. Se tortillant sur sa chaise, elle adressa un sourire plus large que le précédent à Persée :

« Oh, tu as une sœur ! Elle a quel âge ? C’est une sorcière aussi ? Tu as d’autres frères et sœurs ou c’est la seule ? Moi j’ai trois sœurs, mais aucune n’est sorcière… Enfin, dans ma famille, je crois bien que je suis la seule, mais ils étaient tous très contents pour moi quand j’ai reçu cette super lettre d’ici ! Et toi, tu es le seul sorcier ou il y en a d’autres dans ta famille ? »

Eileen ne pouvait s’empêcher de parler, d’interroger ce garçon… Elle était tellement contente de faire de nouvelles connaissances, de pouvoir parler avec lui, un petit peu… Qui sait, peut-être que bientôt ils seraient copains ? Elle avait vraiment envie d’avoir de nouveaux amis. La solitude ce n’était pas son fort, même si, parfois, elle aimait être seule avec Mère nature, elle aimait aussi être entourée pour partager ses joies, ses découvertes, montrer ce qui l’émerveillait et, parfois, être rassurée…

« Et moi c’est Eileen ! Je suis super contente d’être avec toi, dans cette maison ! Même si je ne connais pas vraiment toutes les maisons, on m’a di que Serdaigle était très bien… »

Bon, en fait, on lui avait aussi di que Gryffondor et Poufsouffle l’étaient… cela signifiait-il que Serpentard ne l’était pas ? Et dans ce cas, pourquoi ? Il est vrai qu’il y avait eu une atmosphère assez particulière entre les trois maisons et Serpentard, mais Eileen n’aimait pas vraiment les racontars… Elle préférait souvent se forger elle-même sa propre opinion… Même si à cet âge, on reste toujours plus ou moins influencé par nos proches…

A la question de son jeune camarade de classe, la jeune fille fronça les sourcils devant la tâche qui s’étalait sur la jolie feuille de parchemin du sorcier.

« Eu… Je ne sais pas vraiment, moi si je fais des tâches, je recommence tout, en général, ou je fais un dessin au niveau de la rature, si elle est sur le côté…. Ca économise le papier ! »

Elle se tortilla sur sa chaise, de nouveau, tout en réfléchissant, elle souffla :

« J’ai lu aussi qu’il y avait des sorts pour ce genre de chose… mais moi je n’en n’ai jamais lancé… C’est interdit… »

Persée songea un instant à poursuivre sa lettre, mais visiblement, l’enthousiasme de la petite sorcière, se manifestait par une telle salve de questions et de commentaires qu’il estima préférable de remettre sa correspondance à plus tard – entretenir une conversation avec Eileen demandait sans nul doute la totalité de ses capacités cérébrales. Se sentant un peu coupable de manquer si vite à la promesse qu’il avait faite à sa sœur, il se réconforta en songeant qu’il pourrait sans doute continuer et achever sa lettre à la pause-déjeuner, et que le large trait qui barrait le parchemin pourrait être habilement détourné pour marquer l’ellipse.

« Ma sœur a onze ans, comme nous. C’est une sorcière, mais elle a choisi d’aller en France, à Beauxbâtons – à ce mot, ses lèvres se pincèrent jusqu’à ne plus former qu’une mince ligne rose. J’ai aussi un petit frère – enfin, un demi-frère, techniquement – qui a un an. »

Il comprenait mieux pourquoi elle était si exubérante lorsqu’elle lui parlait, elle n’avait sans doute eu personne, dans sa famille, pour partager ses pensées lorsqu’elles se tournaient vers son héritage de sorcière.

« Ca ne te fait bizarre d’être la seule sorcière de la famille ? Je veux dire, tes sœurs ne sont pas jalouses ? Je ne sais pas si j’aurais été très content de découvrir que Perséphone était la seule de nous deux à avoir des pouvoirs magiques et avoir reçu les hiboux… Vu que mes parents sont tous les deux des sorciers, ça aurait été bizarre. Mais la femme de mon père est Moldue, alors peut-être que mon frère le sera aussi. »

Ses yeux bleus, après avoir détaillé le visage de son interlocutrice, se posèrent sur les étagères qui regorgeaient de gros ouvrages de cuir poli – de là où il était, il n’aurait su dire s’ils étaient poussiéreux ou non. Peut-être y avait-il, sur l’une des milliers de pages jaunies, un sortilège qui permettait de siphonner l’encre, mais il ne préférait pas se risquer à essayer de le lancer.

« Les sortilèges sont interdits chez nous et dans les couloirs, dit-il – enfin, s’il se souvenait bien de ce qu’avait dit le Professeur Dumbledore la veille – mais je pense qu’on peut faire de la magie dans la salle commune. Après tout, – il regarda autour de lui – je ne crois pas qu’on soit surveillés. »

Certes, avec la magie, on ne savait jamais vraiment ce qu’il en était. Peut-être y avait-il un sortilège comparable à la Trace qui permettait à Dumbledore, ou pire, à Rusard, d’être immédiatement au courant de l’usage d’une incantation ? Mais de toute façon, c’était Perséphone, et non lui, qui était la spécialiste des violations de règlements – après tout, n’avait-elle pas un jour essayé d’enchanter un des pots de confiture, à la table du petit-déjeuner, pour « voir si sa baguette marchait » ?

« Enfin, peu importe. Je ne vais pas me risquer à tenter de jeter un sort ici, je risquerai de mettre le feu à mon parchemin, admit-il avec un bref éclat de rire. Mais j’ai hâte de savoir comment faire ! »

Le regard brillant d’excitation, la jeune sorcière ne se lassait aucunement de la compagnie e son jeune (et tout nouveau) camarade de classe. Les yeux grands ouverts, comme si elle s’était levée depuis plusieurs heures déjà, elle ne ratait pas une seule de ses paroles et lui répondait volontiers avec dynamisme et bonne humeur. Eileen était enchantée, elle était arrivée depuis peu déjà, mais tout l’impressionnait et la captivait plus que tout… C’était tellement beau, inattendu… et surtout (et bien évidemment…) magique ! Elle se demandait sincèrement si, un jour, elle pourrait s’habituer à tout ça… Très étonnée, la rouquine reprit, dès que son compagnon eut fini de parler :

« Ha, parce qu’il y a des écoles magiques dans tous les pays ? Remarque ce serait logique, après tout… Surtout que tout le mode parle anglais ici… Mais je n’avais pas réfléchi à la question jusqu’ici en fait… Enfin, ce n’est peut-être pas tous les pays, non plus ? Parce que moi je viens d’Irlande mais on m’a fait venir jusqu’à Londres pour prendre le train ! »

Quant au côté plus familial de la chose, elle cligna des paupières, toujours aussi émerveillée (on pourrait finir par croire qu’il lui en fallait peu…)

« Tu as donc une jumelle ? Ca fait quoi d’avoir exactement le même âge que sa sœur ? D’avoir tout en même temps ? Vous vous ressemblez beaucoup ? Elle s’appelle comment ? Moi j’aurais bien aimé avoir une petite sœur aussi… Enfin un frère tout court ça aurait pu être super aussi… Mais c’est raté sur toute la ligne, vu que je suis la plus petite et qu’il n’y a jamais eu de garçons, à part mon papa, dans ma famille… Tu t’occupes beaucoup de ton frère ? »

Elle allait questionner aussi Persée sur le côté ‘demi’ mais, bizarrement, elle su se contenir in extremis (pas que la question aurait pu être dérangeante… mais elle imaginait que si, en fait… :s). La question du jeune garçon fit sourire la rouquine qui reprit la parole avec joie :

« Oh non, elles ne sont pas jalouses ! Bien sûr, elles auraient aimé venir dans cette école, mais dans ma famille, on a toujours cru à la magie, et on a toujours fêté les fêtes sorcières… On fait quelques cercles tous ensemble et on murmure des incantations… mais avoir une baguette magique ça va me changer la vie ! »

Evidemment, pour les sorciers, et les moldus, la famille de la jeune Eileen était bizarre… mais la demoiselle s’y était rapidement fait, et elle se moquait bien des racontars et des rires sous cape. Ils vivaient tous très bien comme ça, et c’était toujours agréable de se sentir uni par cette ‘magie’ de la nature qu’ils avaient tous appris à respecter. Aussi elle savait que ses sœurs auraient aimé être à Poudlard aussi, mais elles n’étaient pas jalouses de leur cadette pour autant… La jalousie n’était pas un sentiment qui avait sa place dans la vie de la famille Irlandaise.

Puis ils parlèrent sortilèges et Eileen demeura captivée par les dires de son jeune camarade de classe. La sorcière ne pouvait qu’être d’accord avec lui… ceci étant, elle jeta un coup d’œil au décors, murmurant doucement (comme si elle craignait d’être alors épiée) :

« Je n’en suis pas si sûre… Avec les tableaux qui bougent, ça ne m’étonnerait pas qu’il y ait… ben eu, plein de moyens de savoir tout ce qui se passe dans l’école… En plus, la madame qui nous a emmené vers le Choixpeau a l’air super sévère… Le directeur a l’air plus sympathique… mais je me méfie d’elle… »

Étant quand même téméraire dans son genre, la rouquine brûlait d’envie de tenter un sortilège ‘juste pour voir’. Curieuse à souhait, c’était plus fort qu’elle… Sauf qu’elle n’avait même pas la dite baguette sur elle (haha, la novice !), elle s’enquit, cependant, intéressée :

« Mais dis moi… Tu as déjà jeté un sort dans ta vie ??? »

Elle, elle savait qu’il s’était souvent passé des choses étranges autour d’elle, mais ce n’était jamais volontaire, et ses parents ne s’en étaient jamais étonnés, puisque pour eux, cela signifiait simplement que leur fille était plus réceptive à la magie de la nature qu’eux (et ils en étaient ravis pour Eileen !). Le temps montrait qu’ils s’étaient trompés, mais le jour où ils l’admettraient n’était certainement, pas encore arrivé…

Persée agrémentait la conversation en retenant le sourire qui brûlait sur ses lèvres. Il aurait presque juré que sa voisine avait été prise sous le feu conjugué de Sortilèges d’Allégresse, tant tout semblait l’émerveiller. Machinalement, il jouait avec sa plume, la faisant tourner entre ses doigts, faisant tout juste assez attention pour ne pas les asperger d’encre. En tout cas, il comprenait maintenant quel était l’accent qui perçait dans la voix d’Eileen et sur lequel il avait eu du mal à mettre le doigt quelques secondes auparavant.

« Pas vraiment, dit-il. Il y a beaucoup d’écoles de sorcelleries en fonction des territoires et des langues qui y sont parlées. Par exemple, Beauxbâtons n’accueille pas que des Français, mais tous les francophones, et j’imagine que Durmstrang forme tous les sorciers qui doivent parler le serbo-croate… »

En fait, il devait bien s’avouer qu’il ne s’était jamais beaucoup posé la question. L’univers de l’apprentissage magique, pour Perséphone et lui, s’était toujours réduit aux deux écoles de leurs pays d’origine, la Grande-Bretagne et la France ; Poudlard et Beauxbâtons.
Il s’humecta légèrement les lèvres et hésita, se demandant en quels termes il pourrait décrire sa sœur. L’idée de le formuler à voix haute lui rappelait à quel point elle était loin, et à quel point elle lui manquait déjà, en dépit du fait que quelques semaines seulement s’étaient écoulées depuis leur séparation.

« Perséphone – c’est son nom – est… Enfin, on ne se ressemble pas vraiment. Elle est très espiègle, très fonceuse, très téméraire... Un peu dans l’esprit Gryffondor, je dirais. Si elle avait choisi de venir à Poudlard, je pense que c’est là qu’elle aurait été, et pas à Serdaigle, comme moi. Mais on a toujours été très proches ; elle finissait toujours par m’entraîner dans ses bêtises... et on ne peut pas dire que je mettais un point d’honneur à résister absolument. »

C’était le moins que l’on puisse dire. Il n’avait jamais été capable de rester insensible à la moue mi-déçue, mi-taquine de sa sœur lorsqu’il refusait quelque chose. Il y avait un pétillement dans ses yeux qui voulait dire « Quelle mauviette tu es, petit frère », et qu’il avait du mal à supporter.

« De nous deux, ajouta-t-il lorsqu’Eileen posa sa dernière question, c’est elle qui a outrepassé la règle de ne pas faire de magie. Je n’ai encore jamais lancé un sort avec ma baguette, mais Perséphone a essayé de changer la couleur de son drap de lit. En fait, elle l’a fait disparaître. On n’a toujours pas trouvé le moyen de le retrouver, et on a dû le cacher à mon père et à ma belle-mère… C’est pour ça que je crois que je vais éviter de m’amuser avec le parchemin. »

Il sortit de la poche de sa robe la baguette de bouleau et la posa à côté de sa lettre.

« Et puis… - Ses yeux bleus regardèrent la statue blanche de Rowena Serdaigle qui les fixait de ses yeux vides – c’est vrai qu’on ne peut jamais être sûrs de qui nous surveille ou pas. J’ai entendu dire par ma mère que les armures pouvaient se promener dans les couloirs, ou quelque chose comme ça. Je sais pas si elle m’a dit ça pour me convaincre de ne pas faire l’imbécile, ou si c’est un fait vérifié, mais en attendant d’en savoir plus… »

Il avait volontairement glissé sur le sujet « sa belle-mère Diane et son demi-frère Phoebus », et avait évité – presque impoliment – de rebondir sur ce qu’avait dit Eileen sur les petites sœurs et les petits frères qu’elle n’avait pas eu la chance d’avoir, espérant que son interlocutrice n’y reviendrait pas. Il n’avait guère envie de parler d’un sujet irritant à une heure aussi matinale quand tout – si l’on mettait à l’écart l’absence de sa sœur – était aussi bien que cela pouvait l’être dans le collège Poudlard.

« Et toi ? interrogea-t-il avec une certaine curiosité. Je veux dire… je sais que tu n’as jamais lancé de sortilèges consciemment, mais il a quand même dû se passer des choses bizarres, avant que tu ne reçoives ta lettre, non ? »

[Pardon pour cet inexcusable retard.]

Dire qu’Eileen était captivée par les propos qu’entretenait Persée à son intention n’était pas exagéré, bien au contraire ! La rouquine posait des prunelles étincelantes d’intérêt sur son jeune camarade de classe. Il semblait savoir déjà tant de chose sur cet univers encore tellement mystérieux pour la jeune sorcière !!!! Loin d’être jalouse de ses connaissances (la rouquine était incapable d’aspirer à de tels sentiments –du moins, à sa connaissance…-), elle espérait, sincèrement, qu’il saurait partager un peu de son savoir avec elle… cette simple perspective enchantait littéralement la petite irlandaise ! C’est avec un air à la fois hébété et admiratif qu’elle hocha doucement la tête (afin de montrer qu’elle saisissait ce qu’il lui racontait), et qu’elle répondit, toute pensive qu’elle était :

« Oh, d’accord… je me disais bien aussi, que nous n’étions pas bien nombreux, si tous les sorciers du monde entier suivait leurs études à Poudlard ! »

Intriguée, la jeune fille s’enquit avec un accent (inhabituel, chez elle) de timidité :

« Mais, il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre… Pourquoi tu n’es pas allé à Beauxbâtons avec ta sœur ? Ou pourquoi elle n’est pas venue à Poudlard elle-aussi ? »

les prunelles intriguées de la jeune sorcière étaient encrées dans celles de Persée, ne reflétant que de l’incompréhension. Pour une fille comme Eileen, qui était terriblement attachée aux valeurs familiales, l’idée d’être séparée de ses sœurs alors que le choix de rester avec elles s’offre à elle était impensable ! Si elle le pouvait, elle serait restée avec ses sœurs ! Et plutôt deux fois qu’une, par ailleurs…

« C’est trop triste d’être séparés comme ça… »

D’ailleurs, rien que d’y penser, elle avait à présent une terrible envie de pleurer, en pensant à sa maman, son papa et ses sœurs, restées au village… Elle n’avait pas du tout l’habitude de la vie en solitaire ! Même à la maison, elle n’était jamais seule… Elle n’avait jamais eu d elit pour elle toute seule, jamais eu une réelle vie indépendante, et ce soudain excès de liberté l’effrayait… Surtout qu’avant, elle avait toujours grandi dans le même environnement avec les mêmes personnes dans son entourage… Hors, ici, rien ne lui était familier, tout était inconnu… Les paysages, les arbres, les cours d’eau… Elle ne les connaissait pas. Les enfants non plus… ils avaient son âge, mais elle avait l’impression de ne pas être comme eux… D’être trop différente, de ne pas être à sa place… Elle n’avait, pourtant, aucune réelle raison de se mettre à penser à tout ça, mais par enchaînement d’idées, elle en était arrivée là et se sentait terriblement mélancolique tout à coup.

Eileen reprit pied quand Persée lui expliqua ce que sa sœur avait tenté de faire par magie. Cette petite anecdote eut le mérite de redonner un peu de baume au cœur de la jeune aigle qui se mit à rire avec enthousiasme :

« Oh, c’est amusant !!!! Dommage que ça ait raté, mais maintenant, vous allez pouvoir passer un moment à le chercher… Peut-être qu’on apprendra des sorts pour retrouver les objets perdus, en cours ? Ce serait drôlement chouette ! »

De toute façon, en soit, pour Eileen, tout ce qui touchait de près ou de loin à la sorcellerie était drôlement chouette ~~comme ça au moins on ne se pose pas trop de questions !~~. Quand Persée lui parla des armures en mouvement, la rouquine poussa un petit cri de surprise :

« NON ???? C’est vraiment vrai ??? Olala, j’ai hâte de voir tout ça !!!! »

Elle savait, depuis le début, qu’elle plongeait dans un univers extraordinaire, et pourtant, chaque seconde passée lui montrait à quel point elle était loin, encore, de la réalité… Elle devait raconter tout ça dans son cahier au plus vite, sinon, elle finirait par omettre des choses pourtant capitales ! Devenant pensive, à la question de Persée touchant ses propres pouvoirs, la jeune fille hocha timidement la tête, puis souffla, comme si elle craignait qu’on ne l’écoute :

« La première fois que j’ai fait de la magie, c’était pendant un cercle en famille… On remerciait la nature quand une bougie s’est renversée et a mis le feu à ma robe. On a tous paniqué. Surtout qu’on n’avait pas d’eau à portée de main… Je pleurais, j’avais vraiment très peur… et tout à coup, il s’est mis à pleuvoir à verse… alors qu’on était à l’intérieur… Juste sur moi… Ma robe s’est éteinte avant que je ne sois blessée. »

[Désolée pour mon retard aussi ]

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