DEFI -[ La nuit va être longue ]-

« Et si tu n'es pas content c'est pareil ! 3 jours tu m'entends ?! 3 jours avec Rusard, ça t'apprendra à répondre à un préfet-en-chef !» Carter n'aimait pas user de son statut privilégié mais quand la situation s'imposait, il savait demeurer ferme. Carter avait indéniablement changé depuis sa première année, lui qui était si colérique et impulsif de nature, était soudainement devenu le parfait Serdaigle qu'on se plaisait à connaître.

Loin de lui était devenu le garçon plutôt énervant qui n'hésitait pas à flanquer une bonne droite quand on le cherchait d'un peu trop près, à croire que son nouveau statut lui allait comme un gant. C'était le cas ! Être préfet en chef était une tradition familliale chez les Lane, et Carter avait d'ailleurs bien cru faillit à la règle avant d'être nommé, parce que 7ème année tout de même, on veut bien un faible turn-over mais il ne fallait pas non plus exagérer ! Ainsi le Serpentard redessendit dans son cachot après que Carter ait noté son nom, histoire de pouvoir le donner au professeur Flitwick en toute quiétude, qui celui ci le ferait passer à Rusard (oui parce que tout le monde sait qu'une punition avec Flitwick ce n'est pas une punition !).

Carter monta ensuite d'un pas décidé sur un escalier mouvant, rangeant un petit bloc-note dans son sac de cours. Il désirait se rendre dans la salle de bain des préfets histoire de prendre un bon bain avant de s'attaquer aux révisions du soir. Son planning de révision ne commençait certes que le lendemain, mais un jour de travail en plus ne lui ferait certainement pas de mal, c'était certains ! En plus de ça, il avait un devoir d'arithmancie prévue pour 8h, le jour suivant et doutait que sans réviser toute l'intégralité des cours, il puisse obtenir une note satisfaisante (soit un Optimal).

Le sac sur l'épaule, l'allure assurée, Carter était arrivé dans le couloir qu'il attendait et marchait de son habituel pas pressé. Sa cape de sorcier volait derrière lui et on ne pouvait rater à moins de le faire exprès son insigne de préfet – en chef – qui luisait au gré des flammes des torches du couloir. Il en était particulièrement fier de celui là, en particulier qu'il était bleu, la meilleure couleur qui existe, et qu'il était aussi argenté qu'on aurait pu le souhaiter (non non Carter n'a pas des tendances de Serpentard). La classe quoi ! Carter l'avait fierement épinglé sur son torse, se rappelant ainsi qu'il ne faisait pas parti des huit uniques de Poudlard – non non ! - mais bel et bien parti des deux seuls et méritants préfets en chef ! Et ça j'ai envie de dire c'est beau.

Le Serdaigle arriva de toute sa prestance dans la salle de bain des préfets. Après s'être écrié le mot de passe, il fit pivoter la porte pour entrer comme s'il était seul dans la salle de bain (mais après tout, il est seul !) et posa avec classe son sac au pied d'un mur. Ne faisait ni une ni deux, Carter retira son tee-shirt, et dans un pur élan d'égocentrisme, décida d'aller se regarder dans un miroir avant de se jeter dans l'eau chaude bleuté qui avait déjà l'air si accueillante. C'est alors qu'il la vue, elle, petite et blonde, assise au pied d'un mur, le poignet enveloppé d'une serviette tachée de sang. Sous l'effet de la surprise, Carter resta quelques instants le tee-shirt à moitié du corps, le ventre à l'air, mais eut quand même la décence d'esprit de le redescendre précipitemment.

« Bonsoi... Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Qui t'a fait ça ? » Carta ne connaissait pas la jeune fille mais peu importe, il s'était déjà agenouillé pour prendre le bras de la jeune fille avec délicatesse. Elle était bien entendu préfète, il l'avait déjà vue chez les lions, et ce qui l'inquiétait pas mal c'était ce qu'elle avait au bras, la serviette blanche était trempée de sang, ce qui n'était pas franchement bon signe. Carter jeta un regard à la jeune fille, dans l'attente qu'elle lui réponde et ne lâcha pas. Déjà d'un il voulait qu'elle se soigne, mais surtout il voulait savoir qui avait fait ça, histoire de lui faire comprendre ce qu'il advenait de s'en prendre à un membre de l'ordre préfectoral.

Quand Carter toucha la jeune fille, celle ci retira violemment son bras. Carter ne montra pas sa surprise, et se contenta de porter son regard de son bras, à ses yeux. Elle pleurait, on pouvait donc en déduire qu'elle souffrait, elle ne pouvait pas rester là ainsi. Certes Carter ne voyait pas si la blessure était grave ou pas mais si elle pleurait ce n'était certainement pas pour une mauvaise note. Qu'est-ce qu'elle faisait là d'ailleurs ? Elle s'était blessée ici ? Comment alors ? Et si non, pourquoi avait elle élu domicile dans la salle d ebain des préfets plutôt qu'à l'infirmerie ? Bizzare...

Elle avait surement besoin d'être seule, ce qui induisait logiquement une blessure pas très grave. Le préfet en chef était perdu. Ne savait que penser, que dire, et qu'elle lui ne lui dise pas d'où venait le mal l'embêtait encore plus. Pourquoi les jeunes étaient ils aussi têtus ? L'hopital qui se fout de la charité Carter se recula légèrement à la réaction de la jeune fille. Non pas qu'elle l'effrayait, mais il ne voulait pas la brusquer, ce qui semblait justement être le problème principal.

« Oui, tu as surement fait ça toute seule, je n'en doute pas... »

Le ton sceptique de la voix de Carter était tout sauf amical. Certes il n'était pas spécialement agressif, elle n'avait pas besoin de ça, mais il était surtout moqueur. Jouer la carte de l'humour n'allait surement pas arranger l'affaire mais Carter ne réfléchissait pas toujours à la meilleure phrase à dire avant de parler, sans pour autant mettre les pieds dans le plat à la moindre occasion. Non là il avait parlé naturellement, avec ironie, comme il le faisait si souvent avec la quasi-totalité des élèves de Poudlard.

Carter n'était pas du genre à se soucier des maux de son prochain, non, il laissait ça aux Pouffsoufle, bien plus qualifié que lui pour remonter le moral. Il le savait, plus que quiconque même, il était sortit avec deux Poufsouffle. Non Carter pensait d'abord à lui, à sa copine, ensuite à son travail et bien en dernier, les autres. Le Serdaigle n'avait jamais aimé s'attacher, s'attacher, ça n'entraine que des problèmes quand on n'est pas sur que ça va durer. Mieux vaut mille fois rester distant avec tout le monde, au moins on est sur de ne jamais être deçu.

La fille par exemple, là, Carter se voyait mal lui faire la discution pour savoir si elle se plaisait à Poudlard. Ça c'était plutôt le genre de son cousin quand il était encore à Poudlard. Toujours savoir si tout le monde allait bien, c'était d'un lassant ! Dans la vie il ya des gens malheureux et on n'y peut rien ! Préfet n'est pas un grade pour aider autrui, mais pour faire respecter le règlement. Bien entendu, si un élève est en danger de mort, le préfet en chef est dans le devoir d'aller l'aider quoique mais s'il s'agit d'une peine de coeur, les amis sont là pour ça, pas pour les étrangers qui sortent d'on ne sait où.

Vous l'aurez compris Carter n'était pas enclin à aider n'importe qui, en revanche, quand on touchait à l'ordre, là, il fallait agir. Et manque de chance pour lui, cette jeune fille faisait partie de l'ordre, en temps que simple préfète mouarf comme il se la pète. Si on avait agressé un préfet, ou une préfète, ça devait être sanctionné, au même titre que professeur ou directeur. Ainsi si elle ne voulait rien dire, cette petite lionne effarouchée, c'était sans doute qu'elle avait peur des représailles. Et ça, c'était très négatif ! Un préfet doit avoir l'autorité pour seconde nature et DOIT se faire respecter. Pas question de se laisser marcher sur les pieds ! Et si elle n'avait pas la carrure pour se vanger, ce serait Carter qui le ferait !

« Tu as mal ? »

Carter Lane était à Poudlard, un préfet respectable, et respecté. Il avait acquis depuis sa première année un certains statut, au sein de son école. Il était à Serdaigle plutôt mignon, figurait parmi les familles de sang pur les plus respectées du monde sorcier, et avait sans cesse prouvé qu'il était quelqu'un de confiance et de valeur. Sa popularité n'avait fait – de surcroit- qu'augmenter depuis qu'il avait été promu préfet-en-chef. Bon d'accord, Carter était légèrement sévère avec la quasi-totalité des élèves, mais il était surtout très juste et impartial, ce qui ne lui avait pas fait que des amis (et ça se comprend, les rebelles de nos jours, c'est de plus en plus répandu !).

Ainsi le préfet-en-chef, qui mettait un point d'honneur à faire respecter le règlement intérieur en affirmant ses valeurs et ça rime et ses principes, se retrouva bien dépourvu devant la répartie de la préfète des Gryffondor. On avait donné l'insigne à ça ? Une pseudo noble qui était censée faire respecter l'autorité en tentant – justement – de rabaisser l'autorité ? C'était un comble ! Carter mit ça sous le compte de la douleur et pourquoi pas, allez, soyons fous! de la fatigue.

Le Serdaigle n'avait pas pour habitude de se faire parler ainsi, et le contexte était d'autant plus surprenant que la seule personne qui était dans l'obligation d'éviter ce genre de débordement, en était justement le fruit. Regardant la jeune fille dans les yeux – passablement étranges d'ailleurs – Carter fronça quelques secondes les sourcils et répondit sur un ton assez sec.

« Je vais faire comme si je n'avais rien entendu... »

Carter aurait pu faire rétrograder cette fille de sa promotion de par son staut de préfet-en-chef (du moins il le croyait), mais préférait ne pas lui en tenir rigueur. Au fond, son discours n'avait aucun sens, et même s'il se voulait agressif, il était surtout rempli de hargne et de tristesse. Et Carter était suffisament intelligent pour savoir qu'il n'en était pas la cause. Elle tenait une lettre quand il était arrivé, et venait justement de la lâcher quand elle retomba légèrement au sol, après avoir tenté de se relever. Le Serdaigle n'était pas médium on pouvait même dire qu'il était nul en divination, mais son mal pouvait tout à fait provenir de là, c'était une possibilité à ne pas exclure (même si au fond, ça ne le regardait pas).

« Je vais appeler Mme Pomfresh. »

Voyant que la jeune fille ne pouvait pas se déplacer, et voyant surtout comme elle était allergique au contact humain, Carter rejeta d'un trait l'hypothèse de la porter. Le préfet-en-chef se leva donc et sortit sa baguette de la poche de sa cape. S'ils ne pouvaient pas aller voir Mme Pomfresh, c'est Mme Pomfresh qui viendrait à eux... Il n'y avait pas d'autres choix de toute manière...

Carter leva donc sa baguette à l'horizontale et se concentra sur un souvenir heureux. Celui qu'il avait choisit était ressent et incluait Megan. Un loup argenté sortit d'un bond gracieux de l'extrémité de la baguette de Carter pour se volatiliser à travers la porte. Il allait prévenir Mme Pomfresh qu'il fallait qu'elle se rende dans les plus brefs délais dans la salle de bain des préfets. La jeune Gryffondor n'étant pas en état de se déplacer, le préfet-en-chef n'avait guerre le choix, hélas.

Portant son regard sur la jeune fille, une fois encore, Carter ne l'approcha pas. Elle avait besoin d'air et semblait de toute manière allergique aux contacts. Allez savoir pourquoi, à cet age là, un rien peut les traumatiser ! Carter n'était de toute manière pas du genre à contrarier les gens par plaisir, mais même si elle lui avait demandé de la laisser seule après tout c'est aussi sa salle de bain hein !, il aurait refusé, son état étant trop préoccupant pour la laisser à son propre sort. Carter sentait bien que sa présence la dérangeait, mais ne voulait dans tous les cas que son bien, ce que la jeune fille avait apparement du mal à comprendre...

Carter trouvait en cette fille de plus en plus de bizzarisme (oui ce mot existe). Elle n'agissait pas comme la quasi-totalité des élèves normaux, son comportement, son physique, son attitude était étrange, Carter ne pouvait s'empêcher de le remarquer. Bien qu'il eut remarqué qu'elle ne le portait pas dans son coeur, Carter n'avait pas sur le moment tilté qu'elle pouvait être d'une ces élèves qu'on mettait -environ- un quart de siècle à comprendre. Au fond, il ne voulait pas la comprendre particulièrement, juste l'aider, après, peu importe si elle le méprisait ou non, il avait connu pire (on connait toujours pire quand on s'appelle Carter Lane).

Ainsi quand la jeune fille prit la parole (pour ne pas dire quelque de désagréable, comme quoi !) pour le supplier de ne pas appeler l'infirmière, Carter resta perplexe. Elle aurait beau lui dire qu'elle avait la phobie des infirmières, rien n'y fera, elle se ferait guerrir ! Ainsi, Carter fronça tout de même les sourcils et la regarda avec attention. Bizzare... cette fille était de plus en plus étrange. Au fond, elle avait surement une raison (qu'elle tairait, une nouvelle fois, restons logique).

« Tiens, toi ! Tu me parles maintenant ?! Ils ? Qui ça ils ? Qu'est-ce que tu ne veux pas ? Explique-moi ! »

Les sourcils froncés, Carter attendait des explications. Il réalisa enfin que sa position debout ne devait pas aider à faire se sentir bien la jeune fille, ainsi il s'assit à même le sol, à une distance raisonnable de la jeune fille, comme si elle était frappée d'une maladie contagieuse. Il n'en était rien évidemment, c'est juste que Carter avait finit par comprendre que la fille supportait mal son contact. Qu'à cela ne tienne, il n'était pas regardant sur ce genre de détail (La distance, tss! Qu'est-ce dont ?!) !

La dernière question de Carter offrait en fait bien plus de réponses qu'on aurait pu le croire, ça n'avait rien d'une question bête. La jeune fille avait peut être peur de se faire soigner, comme elle avait peur de se faire juger, tout comme elle pouvait aussi bien avoir peur de se faire mal voir de ses parents. Allez savoir ! Cette fille était tellement pleine d'intrigues que Carter se demandait même comment il n'avait pas fait pour la voir avant ! Carter fit toutefois preuve d'empathie et tenta de deviner ce que pouvait penser la très jeune petite fille (11 ans quoi...).

« Ils, se sont tes parents ? Pourquoi veux-tu qu'ils ne te pardonnent pas ? Il n'y a rien à pardonner enfin, ce n'est rien, Mme Pomfresh arrangera ça en un tour de main, tu verras ! »

Bon ok Carter n'était pas tout à fait dans le vrai, mais sans lui expliquer, il ne pouvait bien sur pas tout deviner. Evidemment, quand Carter apprendrait que voir l'infirmière pouvait toucher à la santé ou au moral de la jeune fille – une préfète de surcroit – il ferait bien évidemment tout pour y remédier. Le Serdaigle était là pour ça après tout, veiller au bon fonctionnement de l'école et surtout veiller sur les élèves, qu'ils soient de sa maison ou pas. Ainsi, même s'il pouvait parfois être un peu dur, c'était toujours dans le bon sens, pour leur laisser une leçon sur laquelle tirer des conséquences, ou pour les aider, sans que souvent ils n'en aient pas conscience.

Carter était loin d'être le garçon froid et décourageant qu'il semblait être. Derrière sa carapace de préfet-en-chef, qui se traduisait par une autorité quasi-constante, le jeune homme était avant tout un garçon soucieux du bien-être de son prochain. Ça s'appliquait dans ce cas là aussi, la jeune fille qu'il avait en face de lui lui causait beaucoup de problèmes, dans le sens où le sien était bien plus grave qu'un simple problème physique (que Mme Pomfresh pouvait arranger avec aisance), c'était évident. Le fait qu'elle regagne son calme rassura quelque peu le Serdaigle. Calmée, elle serait plus encline à parler.

Carter changea de position et porta tout son poids sur un seul pied, posé à terre, et son autre genou, lui-même dans la même posture. Il s'était approché de la jeune fille sans toutefois briser son cercle vital, il pouvait savoir combien il était agaçant de se sentir compressé et réduit (Carter est claustrophobe).

« Ecoute, je suis là pour t'aider... Saches que tu peux tout me dire et que de mon côté, personne – tu m'entends, personne – n'entendra parler de ce que tu m'as dit. Je ne demande qu'à t'aider, rien de plus... Et je te donne ma parole que ce que tu me diras, restera entre toi, et moi. »

Ses yeux bleus criaient de sincérité. Il se doutait que l'aide qu'il proposait ne lui plaisait pas, dans la mesure où elle voulait garder son problème -et secret- pour elle. Mais dans cette situation là, elle n'avait pas d'autre choix que de se trouver un allié de poids qui protégerait celui-ci dans toutes les situations. Carter était loin d'être professeur ou une personnalité toute aussi influante, mais ses pouvoirs à Poudlard était suffisament importants pour fidèlement passer sous silence ce qui devrait l'être. Ceci en faisait parti.

Le jeune homme trouvait son ton grave mais au fond c'était sortit tout seul. Il ne comptait pas faire pareille promesse à cette jeune fille en affichant un sourire feint. Comme toutes les fois où Carter jurait quelque chose et Merlin sait que ces fois là sont rares, on pouvait être certains qu'il préférerait mourir que d'en confier le contenu à quelqu'un. Il n'y avait qu'à voir comment le secret de son cousin était protégé pour en témoigner, plutôt recevoir un Endoloris que trahir la confiance de quelqu'un.

« Mme Pomfresh ne va pas tarder à arriver, donc si tu as quelque chose à me dire que tu ne veux pas qu'elle entende, c'est le moment. »

Et discrètement, la baguette toujours en main, un sort invisible heurta doucement la jeune fille. Elle avait grandement besoin d'un Revigoro, et pas vraiment besoin de le savoir. Au fond il lui donnait juste un peu d'énergie pour être plus forte et ainsi pouvoir parler et bouger, la jeune fille ne devrait d'ailleurs techniquement même pas sentir qu'elle avait été touché par un enchantement. Les sortilèges informulés étaient maîtrisés par Carter depuis à présent un an, et il ne se privait pas d'en user quand la situation l'exigeait. Au fond, l'informulation n'avait que des avantages, que ce soit en combat, mais aussi dans la vie de tous les jours. Ici, ce n'était pas plus que de la magie bénéfique et l'user sur la Gryffondor ne pouvait que l'aider à mieux s'en sortir, ce que Carter désirait ardemment.