Une dernière pause avant le retour [PV Charline]

Après une longue visite à Honeydukes, Sally finit par quitter le magasin. Elle resserra son manteau autour d’elle, sa main autour des anses de ses sacs, et se faufila lestement à travers la foule, encore dense, qui marchait dans les rues de Pré-au-Lard. Il faisait froid. Très froid même, ce qui agaçait particulièrement la jeune Serdaigle. Se frayer un chemin dans les rues bondées n’était pas des plus facile. Elle devait sans cesse se déplacer, difficilement, pour ne pas heurter quelqu’un.
Quelques troisièmes années, encore surexcités à cause de leur première sortie hors de l’école, courait de magasins en magasins, apparemment décidés à en voir un maximum.

La jeune fille se hissa sur la pointe des pieds, essayant de situer le lieu où elle se trouvait. Elle n’était pas loin de chez Madame Guipure… Peut-être aurait-elle le temps d’y acheter quelque chose? Il lui fallait d’abord vérifier combien d’argent il lui restait… Et pour ça, elle devait trouver un coin tranquille. Elle fit volte-face, se dirigeant de l’autre côté de la rue, et sortit son porte-monnaie.

*Cinq gallions*, constata-t-elle en grimaçant légèrement.

Elle aurait à peine de quoi acheter un bonnet, avec ça. Et jamais Maura n’accepterait un cadeau de cinq gallions. Maura était la mère de Sally. Elle avait des goûts ’de luxe’, et n’acceptait que ce qui avait de la valeur, à ses yeux. Puisque les vêtements qu’elle envoyait à sa fille coûtaient les yeux de la tête, il fallait que cette dernière lui rende la pareil.

La Serdaigle soupira. C’était embêtant. Elle n’avait encore acheté qu’une partie des cadeaux destinés à sa famille, et il lui fallait déjà retirer un peu d’argent sur son compte. Dire que Noël était à peine entamé!
Tournant le dos au magasin de Madame Guipure, elle décida de se rendre directement aux Trois Balais, où elle avait l’intention de se payer une bonne Bière-au-Beurre avant de rentrer au château.
Perdue dans ses pensées, elle n’évita que de justesse une bande de gamin qui couraient en sens inverse, bousculant sans vergogne les passant qui se trouvaient sur leur chemin. Elle se mit donc brusquement de côté, heurtant deux ou trois personnes qui se mirent à grogner de mécontentement.

La Serdaigle de tourna vers eux et leur adressa un sourire d’excuse, prenant un air penaud qu’elle savait irrésistible. L’une des femmes lui sourit, l’air bienveillant, avant de continuer sa route, tandis que l’autre se détournait, tout simplement, pour rentrer dans un magasin, après avoir jeté un coup d‘œil mauvais aux gosses qui continuaient de courir sans se soucier des autres. Trop jeunes pour être à Poudlard, ils étaient sans doute des habitants de Pré-au-Lard. Et à en juger la vieille dame qui criait leurs noms en les menaçant, accoudée à la fenêtre de sa chaumière, ils faisaient sûrement beaucoup parler d’eux, au village…

Sally regarda avec envie la fumée qui s’échappait des cheminés, imaginant déjà la chaleur accueillante qui y régnait sans doute. Elle avait hâte d’arriver aux Trois-Balais. Il y aurait foule, à n’en pas douter, et elle espérait simplement trouver un endroit où elle serait tranquille…
A vrai dire, elle ne cessait de penser à la conversation qu’elle venait de partager avec Grégory. Le jeune préfet lui avait confié quelque chose qu’elle ne s’était vraiment pas attendue à entendre.
Était-il réellement possible d’organiser un Groupe de Défense Contre les Forces du Mal au nez et à la barbe d’Ombrage, sans que celle-ci s’en rende compte? Plus elle y pensait, plus l’idée lui semblait risquée. Et elle commençait déjà à regretter sa décision… Mais, les ASPIC à venir pesaient également lourdement sur la balance, le mot d’ordre en DCFM étant, logiquement, la pratique.

*Quelle idée stupide de nous interdire la partie la plus intéressante et la plus importante de cette matière!*, pesta-t-elle, au moins pour la millième fois en moins d’une heure.

Évidemment, sans cette stupide interdiction, elle n’aurait pas eu besoin de transgresser le règlement…En tout cas, sa décision était prise. Ses résultats aux ASPIC avaient bien plus d’importance que l’avis d’Ombrage, si tant est que cette vieille bique ait réellement un avis personnel. Tout le monde était conscient qu’elle se contentait d’acquiescer bêtement -et avec plaisir, même!- chacune des lubies de Fudge.

Fudge. Encore un bel incapable, bien trop soucieux de son image pour donner des ordres objectifs, et adaptés à la situation actuelle du Monde Magique. Même si la menace sautait aux yeux, il se refusait à y faire face, ou même à l’accepter, préférant nier en bloc toutes les preuves qui lui étaient soumises. Selon lui, les élèves ne risqueraient, une fois quitté Poudlard, et n’avaient donc pas besoin de la Pratique, qui était d’ailleurs extrêmement dangereuse pour eux!
Pathétique.

Sally se retrouva face aux Trois-Balais, et entra sans la moindre hésitation. Elle soupira d’aise. Il faisait vraiment bon ici. L’odeur de la Bière-au-Beurre flottait doucement dans l’air, et le bruit de la foule était même agréable. L’ambiance du pub avait toujours plut à Sally Ann. On s’y sentait facilement à l’aise. Elle croisa quelques-uns de ses camarades, qu’elle alla saluer. Cependant, elle préféra ne pas s’attarder, et chercha une table libre. Son regard croisa brièvement celui, pétillant, d’une jeune fille blonde portant l’uniforme de Poudlard.

Elle reconnut la Serdaigle qu’elle avait vue en cours, et dont elle ne connaissait pas le nom.
Alors qu’elles étaient toutes les deux à Serdaigle, se côtoyant depuis six ans maintenant, Sally ne se souvenait l’avoir croisée que... Deux ou trois fois?
Et elle était certaine de ne lui avoir jamais adressé la parole.
La Serdaigle était installée à une table, seule, attendant apparemment sa commande. Voyant là une bonne occasion d’enfin faire sa connaissance -après six ans, il était tout de même temps!-, elle se dirigea tranquillement vers la table occupé par sa camarade de Maison, et s‘adressa à elle.

- Bonsoir!Ça te dérange si je squatte ta table?

Elle sourit, mettant de côté la frustration qu’entraînait inévitablement le sujet Ombrage, et attendit une réponse.

Le Serdaigle leva les yeux vers Sally Ann avant de lui répondre en souriant que oui, la place était libre.
Elle la regarda un moment, cherchant apparemment quelques chose, et avoua finalement ne plus se souvenir de son prénom... Sally émit un léger rire. A vrai dire, cela l'arrangeait, puisqu'elle non plus ne connaissait pas le prénom de la jeune fille. Oh évidemment, elles s'étaient déjà croisées. Mais sans plus. Elles ne s'étaient jamais adressé la parole, et absorbée comme elle l'était actuellement par ses cours et ses révisions, Sally n'avait, jusqu'alors, pas cherché à faire sa connaissance.

- Sally Ann Perks, annonça-t-elle finalement en lui tendant la main et en prenant place en face d'elle. Mais je dois t'avouer que je ne connais pas non plus le tien...

Elle profita du fait que son interlocutrice lui répondait pour la détailler, sans trop insister tout de même, histoire de ne pas avoir à lui reposer la même question une autre fois. Puis elle enchaîna.

- Alors, es-tu de ceux qui commencent dès maintenant à acheter leurs premiers cadeaux, ou simplement en période de... repérage?, demanda-t-elle en pensant à Grégory.

Elle-même était de la première catégorie, n'ayant pas pensé un seul instant à rallonger la période d'achat. Elle avait tellement de présents à faire, que cela ne serait qu'une conidérable perte de temps.
Mais d'autres -tels que Grégory, justement- profitaient apparemment de cette première sortie pour se faire une idée de ce qu'ils achèteraient plus tard.

- On dirait bien que la fièvre acheteuse commence à se calmer, ajouta-t-elle ensuite, en regardant autour d'elle.

En effet, le bar était rempli à craquer.
Il y régnait un désordre tout de même joyeux. L'ambiance était amicale, parfaitement adaptée à une époque de fête. Les discutions allaient bon train, chacun essayant de faire entendre, par dessus le brouhaha ambiant. Une jolie jeune femme, d'environ une trentaine d'années, essayait de temps en temps de calmer tout ce beau monde, se joignant pourtant avec plaisir à leurs crises de fous rires ou aux discutions. C'était Mme Rosmerta, la propriétaire des lieux.
Les élèves de troisième année, quant à eux, avaient apparemment été réunis par un préfet quelconque aux Trois Balais, dernière étape avant de songer à rentrer au Château. Si Sally avait voulut fuir le bruit et l'agitation de la foule, elle était, sans aucun doute, servie.. Pourtant tout cela était moins difficile à supporter ici, confortablement installée et, surtout, au chaud. D'ailleurs...

Elle fit signe, de loin, à Mme Rosmerta, et elle-ci se faufila tant bien que mal juqu'à leur table, tenant d'une main un plateau, sur lequel était posé un chocolat chaud, et de l'autre, une deuxième commande. En passant, elle s'en débarassa, puis vint poser la tasse fumante devant Charline avant se retourna vers Sally, s'essuyant les mains dans son tablier.
Un sourire aux lèvres, elle demanda alors quelques nouvelles de la jeune fille, puis de sa mère. Elles avaient l'habitude de venir souvent ici, le lieu étant réputé pour son excellente Bière-au-beurre et son ambiance agréable. Et étant donné le caractère facile de la propriétaire il arrivait à Sally -comme à la plupart des clients, d'ailleurs- de discuter de temps en temps -assez brièvement tout de même- avec elle.
Finalement, écourtant la conversation, elle demanda à la Serdaigle ce qu'elle souhaitait commander cette fois-ci, et cette dernière lui répondit qu'elle prendrait, comme à son habitude, une simple Bière-au-Beurre. La femme retourna chercher sa commande et Sally se retourna vers sa camarade de Maison, tandis qu'elle répondait à ses questions.