Un nouveau départ [PV]

Jenna poussa un soupir de soulagement lorsqu’elle parvînt enfin à boucler sa valise. Assise sur celle-ci, la tête penchée en avant, des mèches de cheveux plein la figure, elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi à chaque fin d’année il lui était aussi difficile de fermer une valise qu’elle avait aisément préparé début Septembre. Elle n’était pas du genre à acheter beaucoup de vêtements pendant l’année –et oui puisqu’elle était en troisième année, elle avait enfin eu la chance de pouvoir se rendre à Pré-au-Lard !– alors ça venait forcément d’autre part. Peut-être y mettait-elle de la mauvaise volonté après tout. Clairement, elle n’avait pas envie de retourner chez elle, mais alors pas du tout. Rentrer pour retrouver qui ? Sa mère ? La bonne blague, à tous les coups elle avait même oublié qu’il fallait qu’elle vienne la chercher à la gare, encore une fois. Oublier d’aller récupérer sa fille de onze à la gare, c’était normal ? La Rouge et Or se souvenait encore parfaitement de son attente sur le quai avec sa grosse valise qu’elle parvenait à peine tirer, les minutes qui s’écoulaient et la gare se vidant peu à peu ... Jusqu’à ce que la personne attendue arrive enfin avec presque une heure de retard, l’air piteux, lui présentant une excuse bidon comme quoi « J’avais beaucoup de travail au boulot j’ai oublié de regarder l’heure ». Ridicule. Chassant de ses pensées ce souvenir désagréable, la troisième année se releva, qu’elle ait envie de rentrer ou pas n’y changeait rien, Poudlard n’offrait pas de garder les élèves pendant les vacances d’été. Encore deux mois à tourner en rond chez elle, joyeuse perspective.

Ça y est, elle était fin prête, le jour du départ était arrivé, espérant ne pas avoir oublié de chaussette dans son dortoir, Jenna prit place dans la calèche qui devait l’emmener vers son funeste destin jusqu'au Poudlard Express. Le trajet jusqu'à la gare se fit dans l'agitation habituelle des départs, un des élèves présent dans sa calèche faillit tomber en plein milieu du chemin en essayant de rattraper une carte de Chocogrenouille qu'il tenait entre les mains et qu'il avait lâché au moment d'un virage, mais le pire fut évité –c'est-à-dire que Jenna ne fut pas emportée dans sa chute–. Quant à la Rouge et Or, son humeur était plutôt morose, le retour chez elle ne lui inspirait pas grand-chose, mais elle espérait au moins pouvoir voir des amis pendant les vacances. Enfin, la calèche s'arrêta à la gare de Pré-au-Lard, et la troisième année descendit, traînant derrière elle sa valise surchargée qui pesait largement le double de son propre poids. Forcément, transporter un chaudron là dedans ne devait pas aider à alléger l'ensemble. Manquant de rater une marche en grimpant les escaliers qui menaient au quai, elle se rattrapa de justesse en effectuant de grands moulinets des bras pour maintenir son équilibre ... Lâchant du même geste sa valise qui alla s'écraser sur Alice le sol. Manquait vraiment plus que ça. Pestant contre son éternelle maladresse, elle fit demi-tour et alla récupérer sa valise qui fort heureusement ne s'était pas ouverte sous le choc. Pas besoin que ses camarades connaissent la couleur de ses sous-vêtements, si elle avait désiré qu'ils soient au courant, elle aurait passé une annonce, se taper encore une fois l'affiche non merci. Avec toutes ces péripéties les autres élèves étaient déjà arrivés sur le quai, et si elle ne se dépêchait pas un peu, elle allait se retrouver dans un wagon plein d'élèves bruyants et désagréables –si tu savais.

Le train à vapeur rouge vif était là et la locomotive laissait échapper de longues vapes de fumée. La plupart des élèves avaient déjà gagné les wagons, et Jenna se dépêcha de faire de même. Grimpant tant bien que mal dans le train, elle traversa les couloirs et passa devant plusieurs cabines déjà bondées. Ne se démontant pas, elle continua à avancer, et là, miracle, l'avant dernière cabine était déserte. A tous les coups quelqu'un avait laissé échapper son rat mutant à dents de tigre là dedans et les autres élèves avaient fichu le camp de peur d'être agressés ... Peu importe, elle tira la porte de la cabine et jeta un bref regard aux banquettes, pas de traces de déchirures, le rat mutant avait surement trouvé un autre foyer. Après avoir réussi à loger sa valise dans l'un des filets à bagage, la Gryffondor se laissa tomber sur la banquette, près de la vitre. Les derniers retardataires se pressaient en direction du train, elle vit même Hagrid un peu plus loin –comme s'il pouvait passer inaperçu– et lui adressa un petit sourire. Mais des bruits de pas à l'extérieur de la cabine et une silhouette se profilant devant la vitre la détournèrent de ses contemplations. Apparemment, elle allait avoir un compagnon de voyage, il n'y avait plus qu'à espérer que ce serait quelqu'un de sympathique ...

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Alice était passablement en colère. D'une part, parce qu'elle était très en retard et d'autre part, parce qu'elle n'arrivait pas à retrouver l'un de ses livres préférés, "La rivière de la vie". Où donc l'avait-elle vu pour la dernière fois ? Tant pis si elle ratait le train, elle ne s'en irait pas tant qu'elle ne retrouverait pas son ouvrage le plus précieux ! De plus, même si elle ratait son train, ça ne serait pas la fin du monde... Ce fut donc avec un sans précédent que pendant cinq minutes express, Alice mis sa chambre sans dessus-dessous à la recherche du livre tant convoité. Heureusement, elle finit par le retrouver dans l'étagère de l'une de ses camarades de chambre. Pourquoi là d'ailleurs ? Peut-importe. Tout ce qui comptait, c'était qu'elle pouvait rentrer chez elle l'esprit tranquille à présent.

Prenant son sac à dos d'une main (avec au moins deux livres et un journal à l'intérieur) et sa valise de l'autre - qui, étrangement, n'était pas très lourde -, Alice quitta sa chambre et se dirigea vers le quai de Pré-au-lard. En chemin, elle pensa à sa tante qu'elle n'avait pas revue depuis le début de l'année, accessoirement sa seule famille et l'unique personne qu'elle avait au monde. Alice ne rentrait jamais chez elle pendant les périodes des vacances, malgré la désapprobation de sa tante. Cela était dû au simple fait qu'elle s'ennuyait à en mourir cloîtrée chez elle alors qu'à Poudlard, elle avait toujours une bibliothèque à sa disposition et des endroits relativement calmes pour lire ou travailler. La jeune Serdaigle accéléra le pas et jeta un coup d'oeil à sa montre : dix heures et cinquante-cinq minutes. Le train partait à onze heures, elle devait se presser encore plus !

Devant l'immense porte d'entrée du château, Alice passa à côté d'élèves sur-excités et tristes, certains d'entre eux se saluant exagérément, leurs aux revoirs ressemblant à des adieux. Alice les contempla d'un ennui bien voyant puis, jugeant qu'il valait mieux se dépêcher (apparemment, ces élèves-là n'avaient pas pris conscience qu'ils étaient affreusement en retard), repris une démarche rapide. Elle traversa une bonne partie du village et arriva à temps au quai de la gare avant de finalement monter dans le dernier wagon du train. Il s'en était fallu d'un cheveu, car à peines quelques secondes plus tard, les portes se refermèrent, le Poudlard Express cracha davantage de vapeur et enfin, il démarra.
Une fois dans le train, la bleue et bronze se mit en quête d'un compartiment. Peu lui importait si ce n'était pas dans l'un des wagons de sa maison. Cependant, elle savait pertinement qu'il était presque impossible de trouver un compartiment entièrement vide. C'est pourquoi, elle rechercha un emplacement avec le moins de bruit possible - dans le but de lire tranquillement, bien-sûr.

Après des minutes et des minutes de recherches et d'espoir, la Serdaigle sembla trouver à peu près ce qu'il lui fallait. Arrivée devant la porte de l'avant-dernier compartiment, elle pu remarquer la forme d'une silhouette qui s'y trouvait, seule. Tant mieux ! Une seule en valait mieux que plusieurs, c'était déjà moins bruyant. Sans plus attendre, Alice ouvrit la porte, prête à s'installer et à lire what else? durant tout le trajet. Seulement... lorsqu'elle découvrit l'identité de la personne qui se trouvait devant elle, elle se figea dans une posture d'effarement et de totale incrédulité. Alice pensait que c'était un cauchemar. Non, ça ne pouvait pas être possible.
Et pourtant si, car c'était bien la réalité, une réalité qui voulait qu'Alice Mayer partage son compartiment avec Jenna Kingston, une fille de Gryffondor stupide et prétentieuse avec laquelle la jeune Serdaigle avait connu une confrontation des plus inoubliables. Alice s'en remémorait parfaitement, cette erreur lui avait coûté chère : son post de préfete lui avait été interdit pendant un mois et elle avait eu droit à des leçons de morales plus qu'éreintantes de la part du Professeur Flitwick.

Alice la considéra d'un regard calculateur et... dangereux. Puis, ne se souciant guère des pensées assassines que devait avoir la Gryffondor envers elle, elle pénétra dans la cabine, trainant sa valise derrière elle. Elle ne pu tout de même s'empêcher de répliquer quelque chose de fort sympathique à l'autre jeune fille. C'est en lui lançant un regard noir qu'elle lui cracha avec haine :

- Tient tient. Mais qui voilà ? Ca ne serait pas cette chère Jenna Kingston ? Je ne t'ai pas oublié depuis le jour où tu m'as humilié, tu le sais ?
J'aimerais obtenir une vengeance douce et lente mais... j'ai d'autres choses plus intéressantes à faire, si tu vois ce que je veux dire...

Puis, faisant semblant de l'ignorer royalement, elle s'avança vers les filets à bagages et y plaça sa valise. Elle garda sur elle-même son sac à dos et s'installa ensuite sur le siège qui se trouvait en face de Kingston - c'était plus pour la provoquer qu'autre chose. Puis, lui adressant un sourire mauvais, elle lui répliqua sur un ton provocateur :

- Au fait, tu as dû avoir la peur de ta vie la dernière fois que l'on s'est vu ? Heureusement que Lane est intervenu pour te sauver la mise...

La porte du compartiment s'ouvrit enfin, laissant apparaître l'élève avec qui Jenna allait devoir rester le temps du trajet jusqu'à King Kross. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle ne s'attendait absolument pas à ce que cette personne soit Alice Mayer. Les deux filles s'étaient rarement revues depuis leur dernière rencontre dans le parc de Poudlard, et la Rouge et Or ne s'en plaignait absolument pas. Après tout, qui avait envie de se retrouver nez à nez avec une préfète particulièrement hargneuse et dérangée ? Mais visiblement, ce n'était vraiment pas son jour –avait-elle vraiment des "bons" jours ?– puisqu'on lui envoyait cette fille détraquée en plein dans son compartiment désert. Avec un peu de chance, le rat mutant n'était pas trop loin ... L'expression qu'arbora la Bleu et Bronze en la reconnaissant lui fit bel et bien comprendre que oui, elle se souvenait d'elle et non, elle n'avait pas changé. Elle resta plantée là comme un poteau pendant une fraction de seconde, apparemment elles étaient aussi surprises l'une que l'autre, donc elle n'avait pas choisi de venir exprès dans ce compartiment pour passer le voyage en sa charmante compagnie. Mais la surprise fut très rapidement remplacée par son éternel regard mauvais et meurtrier, celui qui avait une légère tendance à déstabiliser Jenna à chaque fois, et qui donnait surtout à la troisième année un air de psychopathe. A chaque fois que la Gryffondor pensait que la situation dans laquelle elle se trouvait ne pouvait pas devenir pire, Mayer apparaissait et tout allait encore plus mal, à croire qu'elle était son démon attitré ou quelque chose dans ce style là. Etant donnée la mine qu'elle affichait, la Rouge et Or laissa tomber l'idée d'afficher un sourire poli genre "C'est vrai que la dernière fois on a eu un léger différent mais si tu veux on peut devenir les meilleures amies du monde" et détourna les yeux vers la fenêtre, reprenant sa contemplation. Avec un peu de chance, la Serdaigle n'aurait pas envie de rester et irait chercher un autre compartiment.

Malheureusement pour Jenna, sa présence ne parut pas suffire à faire partir Alice, qui pénétra dans la cabine, tirant sa valise et laissant la porte se refermer derrière elle. Si elle comptait l'attaquer et la balancer par la fenêtre elle se rendrait rapidement compte que la Gryffondor ne comptait pas se laisser faire. Elle n'était vraiment mais alors vraiment pas d'humeur à se battre ou quoi que ce soit, mais si elle l'agressait alors elle répliquerait sans aucun remord. Et elle ne dut pas attendre longtemps pour que Mayer débute les hostilités. A peine la porte se refermait-elle que la Serdaigle se tournait vers elle, affichant toujours son air menaçant avant de lui parler de leur dernière confrontation et de la vengeance qu'elle avait prévu en conséquence. Décidément, cette fille était vraiment complètement marteau. Le peu d'espoir qu'il lui restait d'enterrer la hache de guerre s'envola aussitôt, et même si elle s'était promis de ne pas lui répondre, les mots semblèrent sortirent d'eux-même.

- Bonjour Mayer, quel plaisir de te revoir on dirait que tu n'as pas vraiment changé pendant ces derniers mois. Tu veux faire quoi, me balancer du train pendant qu'il est en marche ? s'interrogea-t-elle à haute voix. Ou au contraire j'imagine que ce serait une vengeance bien trop rapide ... ajouta-t-elle sur le ton de la conversation. Comme quoi la Bleu et Bronze était toujours aussi têtue et aigrie, pourquoi ne laissait-elle pas tomber cette histoire une bonne fois pour toutes ? C'était parti de quoi, d'une simple maladresse de sa part, et la Serdaigle s'acharnait comme si elle avait commis un crime capital minimum. Etrangement, après avoir récité son discours, elle se détourna de la Gryffondor, et alla poser ses affaires dans les filets à bagage comme si de rien n'était. Finalement, elle prit place juste en face de Jenna, qui comprit bien vite que la trêve n'avait été que de courte durée.

- Hmm, tu parles de peur, mais si je me souviens bien, lorsque Carter est arrivé c'était plutôt toi qui étais en mauvaise posture, non ? Sauf si bien sûr le fait que tu sois désarmée aurait du me terrifier, dans ce cas là je suis navrée, tu as du être vexée que je ne me sois pas mise à te supplier de m'épargner. Une sorcière de treize ans sans baguette, c'est vraiment terrorisant, commenta-t-elle sur un ton détaché. Si la préfète pensait que ses menaces allaient suffire à l'effrayer, alors elle avait tort, elle n'allait pas se laisser faire par cette fille complètement folle à lier. Ses piques et ses regards noirs, c'était légèrement angoissant au début mais ça devenait surtout irritant à la longue. Au fond, qu'avait-elle de plus que les autres élèves ? Pourquoi se permettait-elle de se comporter ainsi ?

- Ecoute, il n'y a pas de raison pour qu'on se parle. On peut juste rester chacune de notre côté et ce sera exactement comme si on faisait le trajet seules. Je n'ai pas envie de perdre mon temps à répondre à tes provocations, et je pense que tu as aussi autre chose de plus utile à faire, déclara calmement la troisième année. Elle ne voulait pas passer son trajet à se battre avec Mayer, elle n'en avait ni l'envie ni la force. Le seul point positif dans l'arrivée de la Serdaigle dans son compartiment, c'était que ça l'avait détourné pendant un temps de la pensée de ses vacances. Néanmoins, elle songea qu'il y avait peu de chance pour que ses paroles suffisent à calmer la préfète, et qu'elles risquaient plutôt de l'attiser encore davantage, surtout qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de répondre à ses commentaires sarcastiques. Tant pis, elle avait dit ce qu'elle avait à dire, si Mayer voulait se défouler, elle n'avait qu'à acheter un punching-ball, elle n'était pas là pour faire les frais de sa mauvaise humeur. Ramenant son regard sur l'extérieur du train, elle observa les derniers élèves qui gagnaient les wagons en courant, manquant de se tordre le cou au passage.

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Décidément, Alice supportait de moins en moins cette fille (enfin, si c'était encore possible). Elle lui avait lancé des répliques cinglantes et mesquines dans l'unique but de faire trembler la Gryffondor, mais avec l'espoir malsain et inavouable de voir la peur se refléter dans ses yeux. Cependant, ce ne fut pas le cas. Dommage ! Alice ne s'en démonta pas pour autant et attendit d'entendre ce que son interlocutrice allait bien pouvoir trouver à lui répondre. Tout d'abord, Jenna la salua, marque de politesse dont Alice ne s'était pas servie en s'adressant la première à la rouge et or. Puis, d'un ton ironique mais à la fois provocateur, la jeune fille lui fit remarquer qu'elle n'avait pas changé depuis leur dernière rencontre (ce qui était totalement vrai). Enfin, toujours ironique, Jenna lui soumit l'idée de la balancer du train en marche (ce qui était une idée alléchante) ou alors, de lui faire endurer une vengeance beaucoup moins rapide (une autre idée encore plus alléchante). Suite à ces paroles, les deux jeunes filles se défièrent du regard. Alice ne répondit rien. Seulement, après avoir déposé sa valise et s'être assise face à la Gryffondor (non sans la considérer d'un air supérieur), elle ne pu s'empêcher de reprendre la parole en relatant les faits de la dernière fois. Elle décocha un sourire sans joie à l'attention de Kingston, attendant sa réponse qui ne tarda pas à venir d'ailleurs:

- Hmm, tu parles de peur, mais si je me souviens bien, lorsque Carter est arrivé, c'était plutôt toi qui étais en mauvaise posture, non ? Sauf si bien sûr le fait que tu sois désarmée aurait du me terrifier, dans ce cas là je suis navrée, tu as du être vexée que je ne me sois pas mise à te supplier de m'épargner. Une sorcière de treize ans sans baguette, c'est vraiment terrorisant.

Elle n'avait pas tord. Jenna venait même de marquer un point d'ailleurs. Alice la darda avec haine de son regard froid et impassible, comme si elle était incapable de ressentir de bons sentiments. Elle médita quelques instants les paroles de la Gryffondor et se souvint qu'effectivement, ce jour là, lorsque le préfet Lane était intervenu pour mettre fin au conflit, Jenna avait désarmé Alice et s'apprêtait à exécuter un sortilège pour l'arrêter. Seulement, il y avait un détail que la rouge et or ignorait. Alice connaissait l'existence de quelques sortilèges informulés, qui n'avaient besoin ni de baguette, ni d'être dit à voix haute. A ce moment là, sans l'intervention subite de Carter, Alice aurait sûrement tenté d'utiliser l'un de ces sortilèges sur la jeune fille. Elle n'aurait eu aucune idée de la garantie de ces sorts, mais elle aurait tout de même essayé. Ou alors, elle aurait peut-être réussi. Oui, mais à quel prix ? Et si elle aurait gravement blessé Jenna ? Ou elle-même d'ailleurs ? Dans ce cas là, aurait-ce été une bonne idée ? Alice était loin d'être gentille et avait une définition différente de ce qu'était le bien par rapport aux autres personnes normales, mais elle était loin d'être également stupide. Si elle aurait blessé Jenna, elle aurait eu de sérieux ennuis, comme être renvoyée par exemple.Voyant que la Serdaigle se confrontait à de profondes réflexions personnelles et qu'elle n'était visiblement pas en mesure de rappliquer, la Gryffondor poursuivit mais cette fois, sur un ton plus sérieux:

- Écoute, il n'y a pas de raison pour qu'on se parle. On peut juste rester chacune de notre côté et ce sera exactement comme si on faisait le trajet seules. Je n'ai pas envie de perdre mon temps à répondre à tes provocations, et je pense que tu as aussi autre chose de plus utile à faire.

Alice la fixa intensément, pesant le pour et le contre. En effet, si elles arrêtaient de se parler et que chacune d'elles oubliait l'existence de l'autre, tout irait pour le mieux et ce, durant toute la durée du voyage. Alice comprit à quel point la Gryffondor était en réalité une fille lucide et sans histoires. C'est pourquoi, elle fut obligée de reconnaître qu'elle avait tout à fait raison.
La bleue et bronze lui répondit calmement:

- C'est vrai, j'ai autre chose de plus intéressant à faire que de te martyriser. J'ai apporté avec moi suffisamment de livres et de revues à lire pour la journée.

Puis, détournant son regard de la jeune fille, elle prit son sac à dos, le mis sur ses genoux et en extirpa la gazette des sorciers du 1er juillet. Elle se mit à en lire le contenu instantanément, essayant d'ignorer la présence de Jenna. Seulement, plus elle lisait, plus le temps avançait et, bizarrement, plus la jeune Serdaigle se sentait mal. Mais la source de son mal être n'était pas morale. C'était un mal être physique. Alice n'arrivait même plus à distinguer les lettres qu'elle lisait l'une de l'autre. Petit à petit, elle commença à voir trouble, puis à ne plus entendre distinctement et enfin, à connaître des difficultés respiratoire. C'était claire : elle était entrain de faire un malaise. Il ne manquerait plus qu'elle s'évanouisse ! Pourquoi ? Pourquoi se sentait-elle aussi mal ! Et maintenant, à cet endroit ? Etrange... Alice n'avait jamais fait de malaise de sa vie, et pas de façon aussi subite.

Elle referma tant bien que mal le journal qu'elle avait entre les mains et le reposa quelque part à côté d'elle. Puis, se sentant brûlante, elle appuya légèrement son visage contre la vitre de la fenêtre afin de chercher à le rafraichir. Elle était très pâle et l'on remarquait qu'elle peinait à ne pas s'effondrer sur le sol. D'une part, elle cherchait à se sentir mieux de toutes les façons possible car, son état empirant, elle s'allongea sur la banquette de son siège. D'autre part, elle se fichait de savoir ce que pensait Kingston, devant certainement penser qu'elle "l'avait bien méritée" ou quelques chose d'autre dans ce genre. Sinon, c'est que cette fille était comparable à un ange...

Lorsque Jenna évoqua le fait que lors de leur "duel", Alice s'était relativement rapidement retrouvée désarmée, la Serdaigle ne répondit pas tout de suite, se contentant de lui adresser un de ses merveilleux regards assassins, mais ne répliquant rien, pas même un mot. Le fait qu'elle ne réponde pas était encore plus stressant que lorsqu'elle lui balançait ses paroles blessantes à la figure. Or la Rouge et Or n'y était pas allée de main morte, alors pourquoi paraissait-elle perdue dans ses réflexions ? Avait-elle décidé de la laisser tranquille cette fois ? Ça paraissait malheureusement peu probable, après tout, ce n'était absolument pas son genre. Alors quoi, elle allait rester silencieuse pendant un quart d'heure et hurler "BOUUUH" à un moment inopiné histoire de lui faire faire une attaque ? Pas très subtil et pas vraiment le type de vengeance auquel la Gryffondor s'attendait. Quelles que furent les raisons de son mutisme, Jenna profita de son silence pour invoquer une trêve, avant de détourner les yeux de la Serdaigle pour de bon. Mais cette fois-ci, la préfète se décida à répondre. Et au grand étonnement de la Rouge et Or, elle accepta sa proposition de rester chacune de leur côté et ce sans paraître agressive -une première- ni menaçante. Si c'était un piège pour lui donner un faux sentiment de sécurité avant de l'attaquer sans prévenir, elle ne mentait pas trop mal. Décidant d'avoir foi dans la capacité de l'être humain à devenir bon, pour une fois, Jenna sortit à son tour un livre concernant la défense contre les forces du mal, qu'elle avait déjà lu à plusieurs reprises mais qui l'intéressait toujours autant et se désintéressa totalement des activités de la Bleu et Bronze.

Jenna lisait depuis quelques minutes, et elle n'avait toujours pas été dérangée par une quelconque réplique cinglante de la Serdaigle ou encore un maléfice jeté en toute discrétion. Elle devait donc être sincère lorsqu'elle avait accepté la proposition de la Gryffondor. C'était pas plus mal d'ailleurs, comme ça pas de duel, et donc pas de points perdus pour les Lions avant même que la nouvelle année n'ait démarré. Elle était en train de passer à un chapitre qui l'intéressait tout particulièrement, comme le montrait le coin de la page qu'elle avait maintes fois corné, lorsqu'elle entendit plus qu'elle ne vit sa camarade fermer le journal qu'elle était en train de lire. Levant la tête de son livre, Jenna observa la Serdaigle qui venait d'appuyer sa tête contre la vitre du compartiment et dont le visage était brusquement devenu extrêmement pâle. Son teint avait pris une teinte maladive et elle paraissait sur le point de s'évanouir. Non là, ça ne pouvait définitivement pas être une blague de mauvais goût, Mayer n'était vraiment pas bien. Alertée par son état, la troisième année hésita à lui demander si elle pouvait faire quoi que ce soit, mais elle n'en eut même pas le temps, car visiblement extrêmement affaiblie, la Serdaigle entreprit de s'allonger de tout son long sur la banquette, à moitié consciente. Ne pas paniquer, première étape. Pendant une fraction de seconde, Jenna imagina Lane entrant dans la cabine, son regard passant de la Serdaigle à moitié évanouie à la Gryffondor avant de l'accuser d'avoir tenté d'assassiner Mayer. Mais elle ôtât bien vite cette image de son esprit, ce n'était ni le moment ni l'heure. Si la Bleu et Bronze comptait rendre son déjeuner, il valait mieux qu'elle prenne une décision rapidement. Se levant aussitôt, la Rouge et Or alla s'agenouiller auprès de la préfète qui lui avait causé tant de tort la dernière fois. Il n'était plus franchement question d'apprécier ou non Mayer, mais seulement de savoir ce qu'il fallait qu'elle fasse. Probablement aller chercher un professeur, ou un préfet, ou qui que ce soit habilité à lui venir en aide.

- Mayer, tu veux que j'appelle quelqu'un ? Tu as mal à la tête, au ventre, la nausée ? interrogea-t-elle à toute vitesse, angoissée de ne pas savoir quoi faire. Elle pouvait peut-être commencer par faire en sorte que la Serdaigle ne s'évanouisse pas, qu'elle reste éveillée pour qu'elle puisse l'aider. Son état semblait empirer à chaque seconde, et son teint palissait à vue d'œil. Avec hésitation -sait-on jamais un coup est si vite parti-, Jenna approcha sa main du front de la préfète pour voir si elle avait de la fièvre, ce qui était très probable. Elle toucha son front et en eut la confirmation, elle était brûlante. Il fallait absolument qu'elle trouve un adulte, et elle n'était pas en mesure de bouger la Serdaigle de là. Je vais voir si je peux trouver quelqu'un Alice, avertit-elle avant de courir vers la porte du compartiment. Première fois qu'elle l'appelait par son prénom et elle ne l'avait même pas fait intentionnellement, la panique la submergeait vraiment. Elle ouvrit la porte sans ménagement et sortit dans le couloir totalement désert, exactement au moment où le train commença à s'ébranler. Ils étaient en train de partir ! Il y avait un risque pour que le mouvement du train aggrave encore un peu plus l'état de la Serdaigle. Et si elle s'évanouissait pendant qu'elle cherchait du secours ? Elle passa à toute vitesse devant plusieurs cabines sans y apercevoir le moindre adulte, ni le moindre préfet. Mais où était Lane lorsqu'on avait besoin de lui ? Tant pis, elle se débrouillerait toute seule. Retournant rapidement à son compartiment, elle entra par la porte qu'elle avait laissé ouverte. Elle s'apprêtait à s'approcher d'Alice lorsque le train prit brusquement de la vitesse, ce qui lui fit perdre le peu d'équilibre qu'elle possédait en temps normal. La Rouge et Or se retrouva éjectée à l'autre bout du compartiment, se cognant la tête la première contre le mur. Pas le moment de se casser quelque chose, légèrement sonnée, elle se releva et s'approcha de la préfète au visage toujours aussi blême.

- Comment tu te sens ? Elle n'avait rien trouvé de mieux à dire tout simplement parce qu'il n'y avait rien à dire. La Serdaigle faisait un malaise brusquement, sans raison évidente, et l'infirmière était loin, au château. Tu veux que je retourne chercher Lane et le ramener par la peau des fesses ? Il doit être dans le wagon des préfets c'est pour ça que je ne l'ai pas vu ... C'était la première fois qu'elle parlait autant à Mayer sans qu'il n'y ait aucun sarcasme dans sa voix, en même temps ce n'était pas comme si elle était en mesure de lui répondre grand chose.

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