Une rencontre, de nouveaux sentiments ? [PV Ethan]

C'était le début des vacances d'été et Alice pressentait déjà qu'elles allaient être toutes aussi ennuyantes que les précédentes. En effet, la Serdaigle, qui ne sortait pas beaucoup et qui n'avait pas d'ami particulier (voire pas du tout), ne pouvait s'occuper à faire passer le temps plus rapidement. Elle se contentait donc d'être patiente - ce qui s'avérait être assez difficile - en vue du commencement de la nouvelle année scolaire. Généralement, le seul et unique passe-temps d'Alice était la lecture. Aussi fallait-il dire que sa marge d'occupations était très minime. Mais elle n'en avait que faire, se fichant éperdument de l'opinion des autres. Car Alice savait pertinemment que les personnes qu'elle fréquentait ou celles qui la connaissaient n'avait pas une opinion agréable vis-à-vis d'elle. La jeune préfète passait pour une fille étrange, froide et parfois même cinglée. Cependant, cela ne posait pas plus de problème à Alice, ne vivant que pour elle-même jusqu'à présent.

Hier soir, une fois rentrée de Poudlard, Alice avait racontée à sa tante son voyage (en à peine quelques minutes) puis, juste après avoir dinée et débarrassée la table, s'était précipitée de regagner sa chambre pour terminer un livre sur la "métamorphose des animaux". Le lendemain matin, au réveil, Alice avait eu la bonne idée d'aller faire un tour au chemin de Traverse, dans la librairie Fleury et Bott, afin de faire le plein de livres pour au moins tout le mois de juillet. Au petit-déjeuné, elle avait bien pris soin d'avertir sa tante qu'elle comptait y restait une bonne partie de la journée. Sa tante avait bien évidemment acceptée, étant tout à fait consciente de l'incroyable maturité dont sa nièce faisait preuve à son âge. Quant à cette dernière, elle était ravie d'y aller seule – avant que sa tante ne lui donne son accord, la jeune Serdaigle redoutait qu'elle veuille l'accompagner.

Alice se rendit au chemin de Traverse vers dix heures, en passant par le Chaudron Baveur (bah oui, c'est évident). En marchant au milieu de l'allée bondée de monde, elle jeta un rapide coup d'œil aux vitrines des magasins, à la quête d'un seul qui l'intéressait. Lorsqu'elle arriva devant la porte de Fleury et Bott, elle arbora une mine légèrement satisfaite et pénétra à l'intérieur de la librairie sans plus attendre. La boutique était la plus grande librairie du chemin de Traverse et comportait une large palette de livres en tous genres – parfois, on y trouvait même des livres moldus.

Alice s'avança avec anticipation au cœur des livres, parcourant avec avidité tout le long des rayons. Après une vingtaine de minutes de recherches intensives, elle dénicha une encyclopédie sur « Les différentes races d'elfes dans le monde », un ouvrage qu'elle voulait se procurer depuis plusieurs mois déjà. Elle en feuilleta le contenu et le glossaire rapidement. Puis, ravie, referma le livre (qui faisait plutôt penser à un manuscrit vu sa taille et son poids) et se mit en tête de poursuivre sa quête. Sauf qu'en se retournant pour quitter le rayon dans lequel elle se trouvait, elle heurta brusquement quelqu'un (halala, quelle maladresse). Sous la force de la collision, elle fut sur le point de tomber en arrière, mais une main qui s'agrippa à son bras l'en empêcha.

Lorsqu'Alice reprit son équilibre, elle leva son visage vers la personne qui l'avait heurté et... en fut surprise. C'était un garçon assez jeune, qui avait sûrement le même âge qu'elle et qui n'était... pas trop mal. Pour la première fois depuis très longtemps, Alice se sentit gênée d'être à une aussi petite proximité de quelqu'un (surtout que leurs deux corps se touchaient presque). Le garçon inconnu regarda Alice droit dans les yeux avant de lâcher le bras de la jeune fille (qu'il tenait toujours jusqu'à présent). Toujours en l'observant avec acharnement, Alice ne su quoi dire. Néanmoins, se sentant bête de rester plantée là, à le scruter avec d'énormes yeux, elle se recula légèrement de lui. Puis, avec une voix timide, elle dit:

- Excuse-moi, je ne t'avais pas vu...

''Excuse-moi''... Bon-sang ! Depuis quand Alice Mayer prenait-elle la peine de s'excuser ?! Et ce, devant un parfait inconnu ?

Tout en continuant à observer le jeune garçon face à elle, Alice ne comprenait toujours pas pourquoi elle s'était excusée. Bon, c'était plus par réflexe et politesse qu'autre chose, mais tout de même, s'excuser aussi naturellement, devant une personne qu'elle ne connaissait pas, cela ne lui ressemblait pas le moins du monde. La jeune Serdaigle se trouvait dans un état de total hébétude, ne comprenant pas son propre comportement. D'un autre côté, le garçon l'observait également avec attention, faisant flotter un léger sourire sur ses lèvres. * Ravissant ! * ne pu s'empêcher de penser la jeune fille avant de se rendre compte de l'étrange contenu de ses pensées. Elle se gifla mentalement et, tout en fronçant les sourcils, s'efforça de revenir à la réalité. D'ailleurs, l'inconnu ne tarda pas à répondre à Alice :

- Ce n'est rien... Tout va bien ?

Tout va bien... Pour une raison inconnue, cette question resta en suspend pendant un long moment. Alice n'en compris pas la raison, mais elle constata à quel point la voix de l'adolescent était douce. Pour elle, il possédait un timbre chaud, particulier, envoûtant... La bleue et bronze se perdit dans la contemplation du jeune homme et de ses propres réflexions tant et si bien qu'elle en oublia de répondre. Puis, s'en rendant compte, elle eu un léger sursaut (comme pour se sortir d'un rêve éveillé) et répondit, d'une toute petite voix cependant :

- Euh... Oui...je vais bien. M... Merci... balbutia-t-elle, embarrassée.

Intérieurement, Alice faisait proie à une décontenance jusque là jamais ressentie. Comment se faisait-il qu'elle se trouve dans cet état de grande timidité et ce, à cause d'un garçon de son âge ? Etrange... De plus, elle n'arrivait pas à avoir des pensées totalement cohérentes et sentit son visage en feu, ses mains moites et son souffle court. Décidément, elle ne se reconnaissait plus ! Où était donc passé la Alice au comportement si froid, au visage imperturbable et aux émotions inexistantes ? Quelque chose clochait. Et le moins que l'on puisse dire, c'était que cette Alice là avait disparu - momentanément, peut-être - pour laisser place à une autre jeune fille, une jeune fille intimidée, perdue et... troublée ? Troublée par quoi ou par qui ? Pas par cet étranger tout de même !

Alice l'examina minutieusement. Ils devaient tous les deux avoir la même taille, si ce n'est qu'il semblait la dépasser de quelques centimètres. Il possédait un visage très agréable à regarder, en particulier de beaux yeux rieurs et charmeurs. Sa chevelure dorée était rebelle, coiffée sans ménagement avec une dose de gel. Il portait des vêtements moldus, un tee-shirt blanc moulant sexy et un jean bleu délavé et des basket tendances. Le tout lui saillait à merveille. Il avait un style décontracté qui lui donnait un léger côté indiscipliné, et qui fut sans doute l'élément qui fit craquer la Serdaigle. Quant à cette dernière, elle s'était contentée de détacher ses cheveux mi-longs acajou, de porter une tunique bleu-ciel et une jupe blanche descendant jusqu'aux genoux, sa tenue complétée par de simples ballerines noires en daim.

En ne cessant de se jauger, les deux adolescents en avaient presque oublié le temps qui passait et un léger silence s'immisça dans l'atmosphère. Alice, toujours dans ce même état jugé incompréhensible pour le moment, tenta quelque peu de se calmer et de reprendre le fil de ses pensées. Elle souffla légèrement (mais de façon discrète cependant pour que le garçon ne l'entende pas) puis, décida de dire quelque chose dans l'unique but de couper court à ce
silence horriblement gênant. C'est alors qu'elle sortit la première réplique qui lui passa par la tête :

- Tu viens souvent ici ?

Se rendant soudain compte à quel point cette question était inappropriée, Alice s'insulta mentalement et se mordit la lèvre inférieure, signe qu'elle avait fait une gaffe. Pourquoi Alice avait posé cette question qui n'avait aucun intérêt puisqu'elle ne connaissait même pas ce garçon ? Normalement, elle aurait pu se présenter, lui demander son prénom et peut-être même s'il étudiait à Poudlard. Mais non, sous une angoisse inconnue et naissante, elle s'était contentée de lui demander "s'il venait dans ce magasin fréquemment", ce qui n'avait bien-entendu aucun sens.

Alice soupira. Décidément, elle était une fille bien étrange et parfois même illogique...