-[ Reviens-moi ]- // PV //

Il avait mal, encore tellement mal... Son dos le faisait souffrir depuis plusieurs semaines et ses parents ne s'étaient rendus compte de rien quand ils étaient là, étant donné qu'il passait ses journées dans sa chambre ou à la cave. Et puis, pas question de leur dire ce qui s'était passé, seul Carter et lui étaient au courant, et l'ex-Gryffondor ne voulait pas prendre le risque que son cousin paie sa négligence toute sa vie, le père Eragon était assez terrifiant quand il s'y mettait. Grégory avait passé plusieurs jours à en vouloir à Carter, mais ne lui avait pas dit pourquoi, il avait trop honte. Le fait est qu'il ait causé une peur bleue aux amis de Carter l'importait guerre, ce qui était bien plus horrible, c'était ce qu'il avait fait après. Mieux vallait ne pas s'en rappeler, non, plus jamais. Grégory en avait encore le goût du sang dans la bouche... Le loup, à moitié dévoré, vivait encore ses dernières minutes quand le loup-garou l'avait quitté, cette pensée ne quittait plus l'ex-préfet.

Depuis ce jour là Grégory il n'y avait pas eu de nouvelles pleines lunes mais Grégory se promit que durant les suivantes, il s'attacherait lui même à double tour dans sa cave et ne se laisserait plus distraire par rien. Plus jamais il ne devait ressentir ce goût si répugnant de viande crue dans sa bouche, ce goût de sang, plus jamais. Les parents Eragon étaient sur une mission des plus coriaces, certains détraqueurs n'avaient toujours pas été ramennés à Azkaban et sillonnaient le pays à leur guise, répandant malheur et désespoir autour d'eux. Grégory était d'ailleurs sûr que leur présence sur lui serait insignifiante, inefficace, seul leur baiser aurait pu lui faire quelque chose, et encore, il ne savait même plus s'il avait encore une âme.

Quand la sonnerie retentit Grégory était dans sa chambre, plongé dans le noir le plus complet. C'était tellement plus reposant le noir, pourquoi s'embêter à ouvrir des volets qui donnaient sur une vision si fausse de la vie ? Un parc verdoyant, une forêt luxuriante, un ciel d'un bleu presque pur... un soleil qui hiradiait de sa beauté... Tout ça n'avait plus de sens pour Grégory, qui préférait sa solitude et son malheur à ce qui pouvait l'entourer. Il descendit néanmoins les marches d'un pas las, presque trainant, et parvint tant bien que mal à ouvrir la porte sans trop se blesser le dos, il n'avait vraiment pas besoin de ça.

Quand le soleil lui frappa le visage, il fronça les sourcils et ferma presque les yeux, mettant sa main sur son front, histoire de se faire ombre. Il ne s'en rendait pas compte, mais son apparence faisait peur. Le torse légérement penché en avant du fait de son mal qui persistait, une mine affreuse, qui aurait terrifié le plus petit des enfants. Son teint était pale, presque blanc, sa barbe avait poussé franchement offrant quelques reflets roux, ses cheveux aussi. Il portait ses vétêments depuis plusieurs jours et n'avait pas jugé utile de les changer, puisque personne ne le voyait. Et puis de toute manière, si quelqu'un le voyait, ça faisait quoi ? Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus rien à prouver à personne.

Quand Grégory reconnut Charline, son coeur rata un battement. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Pourquoi elle était venue, pourquoi ?! Non non, il ne fallait pas qu'elle le voit, il ne fallait pas qu'il la voit ! Si jamais elle le soupçonnait de ne pas lui avoir dit toute la vérité s'en était terminé de lui et de sa pseudo rupture. Pas question qu'elle sache pourquoi il avait rompu, surtout pas, il la connaisait suffisament pour savoir qu'elle allait s'accrocher. Mais il ne fallait surtout pas, surtout pas! Non, non, elle devait partir, il n'y avait pas d'autres solutions possibles. Elle parla, beaucoup, et Grégory eut du mal à reconnaître le ton de l'humour, il compris uniquement un ton joyeux, qu'il n'avait pas sentit depuis plusieurs mois, ça faisait ... bizzare. Mais si au fond elle était heureuse, tout allait bien, c'était parfait, elle devait continuer comme ça... Surtout continuer comme ça.

Quand elle lui posa la question de fin, la réaction du jeune homme fut immédiate. Il ne fallait pas qu'il lui parle, pas qu'elle sache, elle était bien trop intelligente pour ça et ne devait pas lui parler, surtout pas. Préférant la blesser à nouveau plutôt que de se trahir, d'un geste ferme de la main, Grégory ferma la grande porte d'entrée au nez de la jeune fille, en ayant pour unique phrase « Je n'ai pas envie d'en parler. Je ne veux pas te voir. » Il ne fallait pas non, il ne fallait pas qu'il lui parle, qu'elle lui parle, qu'elle l'approche. Non, surtout pas, pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi ? Pourquoi avait il fallut qu'elle complique tout ? Sa misérable vie pouvait durer encore si longtemps sans que ça ne gène personne, pourquoi avait-il fallut qu'elle vienne s'en méler... La porte alla se refermer, sur une jeune fille qui ne devait pas avoir compris les raisons de cet accueil pas très chaleureux...

Comme on avait pu s'y attendre, Charline ne renonça pas facilement. Elle était venu jusqu'à chez lui, et il était donc logique qu'elle ne repartirait pas juste sur un refus. La jeune femme glissa son pied dans l'entrebaillement de la porte pour empêcher son ancien amant de la fermer complètement.La porte s'ouvrit à la volée et Charline, furibonde, entra sans aucun scrupule, elle ne voulait pas abandonner si facilement, au plus grand désespoir de Grégory qui ne bougea pas et la regarda parler, à présent assez proche d'elle.

Quand elle lui dit qu'elle ne voulait pas le perdre, l'ex-Gryffondor retint une pensée qui venait de fuser dans son esprit. “Moi non plus”, mais c'était trop tard, il l'avait déjà perdue, le jour où il avait décidé qu'une vie de loup-garou ne pouvait pas rimer avec une vie d'amoureux. C'était son fardeau, et ça ne devait en aucun cas devenir le sien, jamais ça, il ne se le pardonnerait. L'énervement commençait à monter en Grégory, qui se sentait de plus en plus impuissant. Ça l'agaçait, tout l'agaçait, le fait même qu'elle soit là à s'accrocher. Pourquoi, mais pourquoi ? Pourquoi avait Ill fallut qu'elle revienne tout compliquer ?! Elle était très heureuse sans lui, pourquoi avait il fallut qu'elle vienne lui rappeler combien elle lui était indispensable ?

« Tu ne peux pas m'aider ! Personne ne le peux ! Mais pourquoi a-t-il fallu que tu reviennes ? Pourquoi ?! » Il était hors de lui, et les pas qu'il avait fait dans le hall le prouvait. Si seulement elle pouvait partir et le laisser tranquille. Ne pouvait-elle pas comprendre que s'il faisait, tout ça, c'était pour elle ? Ne pouvait-elle pas comprendre que s'il faisait tout ça c'était pour une bonne raison ?! Apparement non, il fallait lui expliquer ! Et ça non plus il ne pouvait pas le faire. Il aurait tellement voulut être dans le calme plat de sa chambre en cet instant là, personne ne venait le dérangeait et il pouvait sombrer en silence.

Furieux contre lui même de ne pouvoir rien dire pour la faire fuir, de peur justement, que ça la fasse rester, le jeune homme, plus qu'en colère, sortit malgré lui, sans pouvoir faire le tri dans ses pensées qui s'embrouillaient vitesse grand V « Je ne peux pas te dire pourquoi, je ne peux pas tout te dire, et ne me demandes pas pourquoi parce que je ne pourrai pas te le dire non plus ! » Il était fou, comme si la rage du loup-garou qu'il devenait à chaque pleine lune prennait possession de son corps, ou du moins, ne l'avait jamais quitté, et se réveillait peu à peu.

A cet instant il sentait son coeur battre plus vite que de coutume, comme quand sa faim – la faim de loup-garou - le tiraillait à l'en faire hurler. Son rythme cardiaque s'affolait et il savait que la seule raison de cet état était son incapacité à contrôler la situation. C'était pareil quand il était transformé. Il se voyait courir, agir, bouger, mais ne pouvait rien faire – prisonnier d'un corps qui n'était plus sien – et le fait que son coeur s'affole donnait justement plus de force au loup-garou. Là, ça ne lui donnait pas plus de force, il était juste plus énervé, totalement hors de contrôle de ce qu'il avait déjà prévu. Non là il savait ce qu'il avait à ne pas dire mais tout le reste lui avait tellement échappé qu'il était capable de se dévoiler sans le vouloir.

La colère lui avait fait serrer le poing, comme pour canaliser tout ce qu'il avait de négatif à l'intérieur de celui ci. Le coeur de Grégory battait à tout rompre et il ne savait d'ailleurs pas pourquoi il était dans cet état là. Pourquoi s'était il ainsi emporté ? L'ex-Gryffondor aurait très bien pu faire preuve d'une froideur exemplaire, comme il avait l'habitude de faire, et comme il avait déjà fait avec Charline, pour qu'elle ne pense même pas à revenir une seule fois chez lui tellement qu'elle serait blessée. Ça il pouvait très bien le faire, il l'avait déjà fait d'ailleurs, le jour où tout avait prit fin pour eux deux.

Non là, ça lui paraissait impossible. Il n'aurait su dire pourquoi mais la rage l'avait envahi immédiatement, dès qu'il avait sentit qu'il perdait pied. Ça ne lui était jamais arrivé de perdre ainsi tout contrôle et il devait avouer après réflexion que c'était très destabilisant. Mais après tout, Grégory avait l'habitude de ne plus être maitre de son corps, son corps de toute manière, ne ressemblait plus à rien. Comme si une autre conscience était en lui en guidait toute ses pulsions et avec les gestes et les paroles. Horrible sensation en définitive, à tel point que Grégory doutait qu'il pourrait reprendre facilement raison.

C'est quand Charline parla que tout commença à se calmer. Le fait qu'elle le supplie et qu'elle lui montre ainsi sa peur eut un effet presque immédiat sur lui. Il ne supportait pas de la voir ainsi, et seul ce sentiment protecteur là pouvait le refaire redevenir comme il était habituellement, soit pas un homme à moitié rongé par le mal qui n'était plus maître de lui-même. Quand il vit une larme perler sur la joue de la jeune femme, Grégory ne put s'empêcher de la regarder sans ciller, une once de détresse dans le regard. Il détestait la voir ainsi, ça aussi il l'avait oublié, et il aurait d'ailleurs préféré ne pas revoir ça du tout.

“Je serai toujours là pour toi” Ses mots entrèrent dans la tête du jeune homme pour s'y graver. Il avait besoin de les entendre, comme s'il les attendaient depuis longtemps, depuis le jour où tout avait basculé. Le jour où il avait été mordu par un loup-garou, le jour où il avait faillit mourir, le jour où il avait perdu Charline et le jour où donc il avait tout perdu. Depuis ce jour là, tout semblait désert, vide, comme si la mort elle-même était plus enviable. Au fond, elle l'était peut être, mais ces paroles là n'eurent pas pour effet de le lui faire penser, loin de là.

Charline brisa la distance qui les séparait et vint déposer un baiser sur les lèvres de son ancien amant. Il n'avait jamais pour l'instant ressentit ce qui se passa à ce moment là. Ce fut comme une renaissance pour Grégory, un souffle de vie, la seule chose qui pouvait le remettre dans le droit chemin : l'amour. La jeune femme se recula et regarda le jeune homme pour lui dire qu'elle l'aimait et qu'elle savait. Il ne chercha même pas à comprendre ce qu'elle savait, ça l'importait peu, voire pas du tout. Il ne pouvait vivre son elle, tant pis si c'était égoïste, toute autre tentative d'existante aurait été impossible. Elle était comme une drogue et le baiser qu'elle venait de déposer sur les lèvres était une petite dose qui lui avait rapellé combien il en était accro. Si quelqu'un en cet instant là lui avait dit que son avenir n'incluait pas l'ex-Serdaigle, il l'aurait instantanement prit pour un fou.

Sans comprendre ce qui lui arrivait réellement, Grégory attrapa la taille de la jeune fille et la tira à lui. Dans un geste rapide, il déposa à son tour ses lèvres sur les siennes pour échanger un baiser qu'il avait attendu en secret depuis si longtemps. Il l'aimait, comme un fou, comme personne ne pouvait aimer une femme. Elle était tout simplement à lui et l'imaginer aux bras d'un autre lui donnait des envies de meurtre. De meurtre. Cette jeune femme était toute sa vie et il ne voulait pas la perdre. C'était egoïste comme comportement, parce qu'il allait peut être lui gâcher la vie en agissant ainsi. Mais en cet instant là, il ne pouvait pas y penser. Le besoin de la posséder et de l'aimer était bien trop puissant pour lui. Charline Spencer était la femme de sa vie, et il ne pouvait tout simplement pas vivre sans elle.

Sentant son aimée dans ses bras, Grégory ne savait que dire. Il la sentait et l'entendait pleurer, ça lui déchirait le coeur. Des larmes vinrent perler sur ses propres joues, parfaitement incapable de contenir toutes les émotions qui s'exprimaient enfin. Celle qui l'emplissait le plus étant un sentiment très fort de protection qui lui faisait serrer ses bras autour de son âme soeur plus fort encore. Il ne voulait pas la perdre, il voulait la garder, à lui, pour toujours. Elle était sienne, et maintenant qu'il lui avait fait comprendre qu'il voulait qu'elle partage sa vie, il n'était plus question de la perdre. Il ne savait pas comment, mais il ferait, tout, avec elle, et jusqu'à leurs morts.

Grégory s'en voulait d'avoir ainsi donné une chance à leur amour, sachant pertinement qu'il avait réduit à néant tout ce qui pour lui avait été logique. S'il avait rompu, c'était pour la protéger. Là, il lui faisait courir un risque, un grand risque, et tout ça à cause de son amour pour elle qui s'est révélé plus fort que prévu. Il savait qu'il ne devait pas la voir, ça lui aurait été fatal. Ça lui a été fatal, la preuve, sa déclaration a eut sur lui l'effet d'une bombe. Charline avait toujours eut beaucoup d'impact sur son amant, c'est en partie pour cela qu'il l'avait largué sans la laisser parler et en tournant les talons aussi vite qu'il le pouvait. A croire que rompre avec l'amour de sa vie, la femme de sa vie, est tout simplement impossible si on prolonge le contact. La clé, c'est de le rompre, et rapidemment.

Charline en avait jugé autrement, pour le plus grand bonheur du couple. A présent ,Grégory ne se disait pas « il ne faut pas qu'elle sache, je vais lui gacher la vie » mais « comment faire pour vivre ensemble sans danger, à deux, pour toujours ? » Là il ne voulait pas la protéger plus que tout, il voulait une solution pour vivre ensemble, amoureux plus que tout au monde. Il l'aimait, et il ne voulait pas la perdre. Une seconde fois lui serait fatal, il le savait. Rien de la voir, là, devant lui, lui donner des visions d'avenir. Il la voyait épouse, il la voyait mère, et il la voyait surtout avec lui, longtemps, à jamais même...

Grégory sera plus fort Charline dans ses bras, tentant de la calmer, de la faire cesser de pleurer. Ca lui déchirait litteralement le coeur. Il l'aimait tant que la moindre once de tristesse était pour lui une vraie torture. Il ne se sentait de toute manière pas la force de ressentir de pareilles émotions venant d'elle, les siennes étaient déjà assez riches.

Charline se décolla de son amant et Grégory la regarda dans les yeux. Leurs visages étaient humides de larmes mais le jeune homme pris celui de la jeune femme pour l'embrasser à nouveau. Il l'aimait, à tel point qu'il ne voulait pas la quitter de la journée, de la semaine, de la vie. Non, non, il avait l'impression que si elle partait elle partirait à jamais. Il dormirait, comme tous les soirs et en se réveillant il réaliserait que ce n'était qu'un rêve, un simple rêve...

« Je t'aime... » Lui dire était vrai, pourtant, Grégory se sentait mal. Ne pas lui dire toute l'histoire semblait laisser un gène, comme s'il n'était pas sincère. Ce n'était pas logique, pour elle du moins, d'entendre ça. Pour lui, si, qui l'avait toujours aimer à en perdre la raison et qui avait été obligé de mentir et de s'isoler pour la protéger. Oui il l'aimait, mais l'aimer pleinement était lui dire toute la vérité. Il n'était pas prêt, pas encore, pas tout de suite, c'était encore trop tôt...

[ Terminé pour moi ]