Révélation [PV]

Une journée ordinaire dans la vie finalement assez ordinaire de Jenna. Enfin, si on mettait de côté le fait qu'elle était une sorcière et qu'elle se rendait dans une école où on apprenait à transformer les gens en hiboux et à mettre la gloire en bouteille. Bien qu'elle n'ait jamais pu essayer aucun des deux, soit dit en passant, ce qui était bien dommage, parce qu'elle avait très envie de tester le premier sur certaines personnes qui lui tapaient quelque peu sur le système. D'un air profondément concentré, elle tentait tant bien que mal de se rappeler si elle avait déjà ajouté la bile de tatou à sa potion d'Aiguise-Méninges, ou pas. Potion qui en l'instant pourrait justement lui être utile, ironie du sort. Elle soupira, jetant un œil aux autres préparations. Elle ne manqua pas de noter que les autres élèves étaient un peu plus éloignés d'elle que la normale, ce qui n'avait finalement rien de surprenant vu les nombreuses explosions et autres catastrophes dont elle était responsable jusqu'à présent. Elle détestait les cours de Potions, peut-être parce qu'elle y était toujours lamentable, peut-être aussi parce que sa maladresse lui faisait se couper le doigt à chaque fois qu'il fallait hacher finement des racines de marguerites. Quoiqu'il en soit, la sonnerie retentit finalement, alors qu'elle ajoutait un scarabée pilé à son mélange qui prit une teinte pas franchement proche de celle attendue. Sans attendre, elle vida son chaudron, rangea ses affaires et se précipita hors de la classe en poussant un soupir de soulagement. Les vapeurs des chaudrons lui donnaient la migraine, et elle n'avait pas envie d'avoir un commentaire du genre "Mademoiselle Kingston, votre potion d'Aiguise-Méninges a davantage la texture d'un flan au caramel que d'une véritable potion" sous les rires des autres élèves. Merci bien, elle le savait, pas besoin qu'on le lui dise !

Elle n'avait pas cours de l'après-midi, seul fait qui permettait de rendre supportable le cours de Potions du jeudi. D'un air maussade, elle s'avança dans le couloir, au moment où ses camarades sortaient à leur tour de la salle de Potions. Peu désireuse d'être prise dans la foule, elle s'écarta et put se placer à la fin du groupe, à proximité des filles avec qui elle partageait son dortoir. La Rouge et Or n'écoutait que distraitement leur conversation, songeant à l'annonce plutôt surprenante dont leur avait fait part le professeur McGonagall en début d'année.
- Attention Jenna !
Trop tard, son pied s'enfonça dans un interstice entre deux dalles de pierre et la jeune fille fut projetée en avant. Tendant les bras en avant, les yeux fermés, elle était prête à subir le choc ... Qui n'arriva pas. Une main l'attrapa fermement par le bras et l'empêcha de s'écraser lamentablement sur le sol froid et humide des cachots. Un peu secouée, elle se tourna vers son sauveur, qui n'était autre que ... Le préfet de Serdaigle. Enfin le nouveau, le remplaçant de Lane quoi, et nouvel acolyte de Mayer. Tout va bien ? demanda-t-il visiblement inquiet.
Est-ce que les préfets étaient aussi chargés de sauver les demoiselles en détresse à présent ? Parce qu'avec elle, il y avait du boulot ... Si tu veux dire à part que j'ai manqué de me fendre le crâne à l'instant, oui ça va. Merci, Cooper. Et elle était sincère, elle n'avait pas envie de finir à l'infirmerie une fois de plus. Pas de quoi. Ecoute, t'as un instant ? Elle lui lança un regard mi surpris, mi suspicieux. Qu'est-ce qu'elle avait encore fait ? Elle ne connaissait le préfet des Aigles que de vue, et uniquement à cause de son poste pour être honnête, alors à part la réprimander, elle ne voyait pas trop ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Néanmoins, elle acquiesça d'un signe de tête et suivi le jeune homme un peu à l'écart, faisant signe à ses amies qu'il n'était pas nécessaire de l'attendre.

Jason sortait de son cours de Potions lorsqu'il aperçut Jenna quelques mètres plus loin. Sa demi-sœur. C'était complètement invraisemblable, mais c'était pourtant vrai. Il le savait à présent, mais pas elle, du moins il ne le pensait pas. Bon, s'il voulait lui parler, c'était maintenant ou jamais, parce que d'ici une semaine, il partirait pour Durmstrang et ça n'était pas vraiment le genre de révélation qu'on pouvait faire par lettre. Il prit une inspiration, et se lança à la poursuite de la Rouge et Or, qui semblait complètement perdue dans ses pensées. Il allait l'appeler, mais elle avait l'air occupée, et pas franchement réceptive, elle ne regardait même pas devant elle. Et bien évidemment, ce qui devait arriver arriva, elle trébucha, se précipitant droit vers le sol, dans une position tout à fait ridicule. Il ne réfléchit pas un instant et, s'élançant, il attrapa la jeune fille par le bras, faute de mieux, et l'empêcha de tomber. Pour le coup, c'était moins une. Il ne manqua pas de noter qu'à chaque fois qu'il la voyait, elle semblait être sur le point de glisser, en train de tomber, ou de se prendre un mur en pleine face. Parfait, vraiment, il avait une petite sœur empotée. Il est encore temps de l'échanger contre un balai ? La jeune fille se tourna vers lui, elle avait l'air secouée, et malgré lui, il sentit une pointe d'inquiétude le saisir. Est-ce qu'il lui avait fait mal en la rattrapant ? Sa réponse prononcée sur un ton plus ironique que reconnaissant le fit sourire et le rassura. Elle avait l'air un brin cinglée, mais elle allait bien, elle avait eu de la chance pour le coup. Il lâcha son bras, et prit une nouvelle inspiration. C'était maintenant ou jamais.

Son rythme cardiaque avait pas mal accéléré en quelques instants, d'abord à cause de la presque chute de la Gryffondor, et à présent parce qu'il était temps de tout lui dire. Elle le fixait de ses grands yeux verts, attendant vraisemblablement qu'il lui dise quelque chose, puisque c'était lui qui voulait lui parler. Il ne remarqua pas l'air soupçonneux qu'elle arborait, trop occupé à chercher ses mots. Bon, j'ai quelque chose d'important à te dire ... En fait, voilà ... Je t'aime. Il soupira, décidément, ça s'avérait bien plus difficile que prévu. Pas qu'il n'avait pas envie de lui dire, mais, et si elle n'en avait rien à faire ? Et si elle le rembarrait ? Il avait hésité avant de venir lui parler, tout simplement parce qu'il en voulait à sa mère de l'avoir abandonné, et c'était loin d'être facile d'essayer de se rapprocher de cette fille. Et si elle était exactement comme leur mère ? Oui ? Elle s'impatientait. C'est bon y a pas le feu. Heum ... Concernant ce qui s'est passé l'année dernière au parc, avec Alice Mayer. J'espère qu'aucun autre incident de ce genre ne se reproduira cette année, lâcha-t-il finalement sous la pression. Les duels, les monstres d'Hagrid, ça il pouvait gérer, mais une adolescente à qui il devait annoncer qu'il était son frère, ça non. Lorsqu'il la vit devenir toute rouge, il se douta qu'il avait touché une corde sensible. Pourtant, c'était loin d'être intentionnel, il avait juste prononcé les premières paroles qui lui venaient à l'esprit. Oups ?

Jenna jeta un regard mauvais à l'Aigle. En un instant, la couleur de son visage était passée du blanc au rouge cramoisi. Rouge de honte, mais aussi de colère. Pourquoi venait-il lui balancer cette histoire à la figure après un an ? Se faire prendre par le préfet-en-chef et faire perdre des points à Gryffondor avait été suffisamment humiliant comme ça, elle n'avait pas besoin que le nouveau préfet –qui avait sans l'ombre d'un doute envie d'exercer son autorité tel un tyran au hasard de ses rencontres, histoire d'inaugurer sa toute nouvelle fonction, pathétique !– vienne lui dire sur un ton dramatique assez ridicule qu'elle n'avait pas intérêt à recommencer. C'était absurde, et insultant. Les réprimandes de Lane l'année précédente lui avaient amplement suffi. Cette histoire remontait à si longtemps à présent, à quoi bon ressortir de vieux dossiers ! A moins que ... ? Attends, c'est Lane qui t'a dit de me surveiller c'est ça ? Il me prend pour un danger public ? C'est vraiment n'importe-... Elle s'interrompit en pleine phrase tandis que le préfet l'observait avec des yeux ronds, et presque avec appréhension. Visiblement, il ne s'était pas attendu à ce genre de réaction. Il voulait quoi, qu'elle le serre dans ses bras et le remercie ? Pourquoi l'ex-préfet de Serdaigle ferait-il une chose pareille ? Il n'y avait pas lieu de faire tout un foin de cette affaire, il n'était pas stupide et il n'avait rien de particulier contre elle, contrairement à ... Mayer ! s'exclama-t-elle en se frappant le front. C'était l'évidence même. Qui d'autre que cette cinglée pourrait vouloir lui pourrir la vie comme ça ? Alors elle t'a envoyé me surveiller c'est ça ? T'es son nouveau toutou en gros ? interrogea-t-elle en le fixant sans ciller.

En cet instant, elle avait peut-être l'air d'une folle à lier, mais elle n'en avait cure. Ce qui l'énervait, c'était de savoir qu'Elle n'avait toujours pas lâché l'affaire, qu'elle continuait à se comporter comme ... Bah comme elle s'était toujours comportée quoi. Elle qui croyait avoir tourné la page ! Mais au fond, elle n'était pas réellement en colère, non, juste honteuse, juste humiliée de voir ce type qui ne la connaissait même pas venir la juger. De quel droit ? Sous quel prétexte valait-il mieux qu'elle ? Jenna en crise existentielle. Quant au Serdaigle, s'il resta interdit un instant, visiblement interloqué, cela ne dura pas longtemps. Il fronça les sourcils, l'air passablement irrité. D'accord, alors si tu pouvais arrêter de beugler, intima-t-il d'une voix tout à fait calme. Je ne vois pas en quoi tu te permets de juger de mes relations avec ma collègue, déjà, commença-t-il, mais il fut aussitôt interrompu par une voix un brin plus aiguë que la normale. Ha, la blague ! Moi, je te juge ? Qui vient me sermonner comme une gamine de dix ans pour quelque chose qui s'est passé il y a un an sans même avoir été présent ? Comme si tu n'avais pas déjà une idée toute faite de moi en venant me voir ... Et elle savait qu'elle avait raison, déjà parce qu'elle avait toujours raison, elle le voyait dans son regard, c'était juste évident ! Et sur quel autre témoignage que celui de Mayer serait-il venu autrement ? Il n'y avait qu'elle pour ressortir un truc pareil. Je ... Il avait l'air un brin déstabilisé, il n'en fallut pas plus à la jeune fille pour tourner les talons, bien décidée à prendre le large. Cette mascarade avait duré assez longtemps, et elle avait à parler avec l'instigatrice de cette histoire. Mais avant même d'avoir fait un seul pas, elle fut arrêtée dans son élan. Attends. Il la força à se retourner, elle se planta donc devant lui, les bras croisés, haussant un sourcil, tentée de partir mais elle ne pouvait se dégager de sa prise, condamnée à l'écouter. Très bien. Tu sais quoi ? Je t'ai peut-être jugée un peu prématurément. Mais ce n'est pas de ça que je voulais te parler de toute manière. Je t'ai menti. C'est un sujet plus ... Personnel. Alors tu veux bien m'accorder quelques minutes supplémentaires de ton précieux temps ? Hein ? Surprise puis indignation se succédèrent sur son visage. Elle pensait qu'Alice était folle, en réalité elle avait dû se planter, c'était ce type le fou furieux ! Ils ne s'étaient pour ainsi dire jamais parlés et il venait lui raconter n'importe quoi ? Il avait eu son poste de préfet dans un Kinder Surprise ou quoi ? Elle s'aperçut alors qu'il attendait toujours sa réponse, qui se résuma à un simple haussement d'épaules. Au point où ils en étaient, elle pouvait bien l'écouter quelques secondes de plus, s'il lui mentait à nouveau, elle ne lui répondrait même pas cette fois, elle déguerpirait vite fait bien.

Si Jenna se montra particulièrement emportée, ce ne fut pas le cas de Jason. Il n'avait pas l'habitude de se montrer aussi démonstratif, ses sentiments, il les gardait généralement pour lui. Il ne faisait pas de scènes en pleine milieu d'un couloir où ne cessaient de passer des élèves qu'il connaissait plus ou moins, lui. Mais en fait, au fond, qu'elle réagisse ainsi, ça l'avait énervé. Non pire, ça l'avait déçu. Outre le fait qu'elle avait l'air complètement jetée, elle se montrait mesquine et même injuste. C'était quoi son problème avec la préfète de Serdaigle au juste ? Il avait sorti ça presque sans le vouloir, il n'aurait jamais cru qu'elle aurait une réaction pareille, ça c'est sûr ! Elle avait carrément changé de couleur, c'est pour dire. Enfin ça, il s'en fichait un peu, mais du coup, elle se montrait complètement parano, non Carter ne lui avait pas parlé de ça, il le savait, comme beaucoup d'autres élèves d'ailleurs, c'est tout. Serdaigle avait perdu des points à cause de cette histoire après tout ! Mais en plus de ça, elle le rajouta dans le lot et s'empressa de s'attaquer directement à lui. Alors qu'elle ne savait rien de lui. Alors ça c'était trop fort ! Longtemps, il resta immobile, l'air décontenancé, essayant plus ou moins de mettre les informations qu'il avait bout à bout. Il ne connaissait pas vraiment son homologue féminine, de nom, de réputation un peu, mais ils n'avaient pas eu beaucoup d'occasions de dialoguer, et elle n'avait pas l'air spécialement bavarde d'ailleurs. Elle était jolie cependant, et n'avait pas l'air de mériter autant de haine. Mais ça, qu'en savait-il finalement ?

En revanche, le mot "toutou" suffit à lui faire réaliser qu'elle s'était suffisamment défoulée comme ça. Là, elle allait trop loin. Mais il ne s'énerva pas, pas en apparence du moins, il était toujours aussi impassible qu'avant, il était quelqu'un de calme après tout. Pas du genre à péter des fusibles pour un rien, contrairement à la Rouge et Or visiblement. Il voulut la faire taire, mais ça ne la fit s'énerver que davantage. Et le pire, c'est que cette fois, elle n'avait pas vraiment tort. Oui, il s'était déjà fait une idée d'elle avant d'aller la voir. A cause de sa, non de leur mère en fait. Oui ça l'avait influencé, et il n'y pouvait rien. S'il ne lui avait pas parlé plus tôt, c'était uniquement à cause de ça. Il avait peur qu'elle soit comme Elle. Alors finalement, il était venu, mais sans grandes attentes, parce que c'était la meilleure solution pour ne pas être déçu. Touché, ses paroles n'étaient pas totalement dénuées de sens finalement. Ceci dit, elle avait quand même tort, parce que l'histoire avec Alice, ça, il ne s'en était pas vraiment formalisé. A l'époque, il ne savait pas encore qu'elle était sa sœur, et à présent ça lui avait juste servi de prétexte. C'est tout. Après, tout le monde fait des erreurs, n'est-ce pas ?

La suite se passa très vite. Il était trop occupé à réfléchir pour faire attention à ce qu'elle faisait. Elle en profita pour essayer de partir, mais il la retint à temps. Elle ne pouvait pas s'en aller maintenant. Pas avant qu'il lui ai dit. Trop tard pour faire demi-tour à présent ! Même si elle n'accepta pas de bonne grâce de rester, elle le fit, et le haussement d'épaules auquel il eut droit lui suffit. Il lâcha son bras. Je suis ton frère, lâcha-t-il dans un souffle. Le dire carrément, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Comme arracher un pansement. Maintenant, la balle était dans son camp.

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Elle était là, les bras croisés, un air particulièrement farouche sur le visage, prête à tout entendre, sauf ça. Ça sonnait presque comme une réplique de film de science-fiction qu'elle avait regardé avec son père lorsqu'elle était plus jeune. Elle attendait qu'il dise autre chose, il n'ajouta rien. Et sa première réaction, ce fut le déni. Après tout, il venait tout juste de lui mentir, pourquoi ne recommencerait-il pas ? Il n'avait pas sa confiance. Elle lui jeta un regard sceptique. Ah. Et je suis censée te croire sur parole parce que ... ? Je n'ai pas de frère ! ajouta-t-elle sur le ton de l'évidence. C'était juste impossible, invraisemblable. Comment pourrait-elle avoir un frère sans qu'on le lui ait jamais dit ? Il poussa un soupir. Ben voyons, et c'était lui qui soupirait !

Il lui raconta tout. Comment sa mère avait eu un enfant avant elle, comment elle l'avait abandonné, comment elle avait rencontré son père ... Et si au début elle ne voulait ou plutôt ne pouvait pas y croire, elle dut finalement se rendre à l'évidence. C'était possible. Non c'était vrai. Quel espèce de taré irait inventer une histoire pareille ? Tu sais tout maintenant. Désolé de ne pas t'en avoir parlé plus tôt, mais je ne savais pas comment tu réagirais ... expliqua-t-il sur un ton d'excuse. Elle répondit par un léger "C'est pas grave", le regard absent. Elle ne savait pas comment elle était censée réagir. C'était juste tellement soudain ! Et puis finalement, avec hésitation, elle s'approcha de lui, et le serra dans ses bras. Ce fut une étreinte maladroite, certes, imprévue, mais étrangement réconfortante. Elle n'était plus seule. Elle n'était pas fille unique contrairement à ce qu'on lui avait toujours dit. Elle avait un frère, demi oui, mais un frère quand même. J'arrive pas à croire que ma mère ne m'ait jamais rien dit ! s'exclama-t-elle finalement sur un ton indigné. C'était hallucinant. Là, c'était clair qu'il allait falloir qu'elles parlent. Lui cacher un truc pareil pendant quatorze ans ! Puis, elle se mordilla la lèvre, les sourcils froncés. Tu sais, je suis vraiment désolée qu'elle vous ait fait ça ... Il fallait bien que quelqu'un s'excuse pour les actes de sa mère non ? Ce ne serait pas elle qui le ferait de toute manière ! Il avait perdu une mère, elle avait perdu son père ...

Elle s'était levée en croyant que c'était un jour ordinaire, la routine, et au final, elle découvrait qu'elle avait un demi-frère caché et que sa mère avait eu une toute autre vie avant de l'avoir. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il y avait d'autres choses comme ça qu'on lui avait caché. Après tout, c'était possible, non ? Mais pour l'instant, elle ne se concentrait pas là-dessus, ça, elle en parlerait avec la principale concernée. Une raison de plus de lui en vouloir. Cette fois, sa mère allait devoir s'expliquer. Mais pour l'instant, l'important c'était Jason, et la nouvelle qu'il venait de lui annoncer. Quoi ? aboya-t-elle presque. Jenna ou la féminité. Tu vas participer au Tournoi des Trois Sorciers ? Tu sais si tu veux vraiment te suicider y a quand même plus simple ... Et elle ne plaisantait pas. Il était complètement cinglé ou quoi ? Ce Tournoi, c'était la mort. Elle venait à peine de se découvrir un frère, elle ne voulait pas le perdre aussi vite.

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Elle ne le croyait pas. C'était la meilleure ça, il se décidait enfin à tout lui raconter, et elle refusait de lui croire. Peut-être était-ce parce qu'il s'était contenté de lui balancer ça à la figure aussi, mais c'était juste plus aisé comme ça. Sauf que maintenant que c'était fait, et qu'il avait attiré son attention, il devait terminer. Sans plus attendre, il lui expliqua tout, tout ce qu'il savait du moins, sa partie de leur merveilleuse histoire familiale. Il lui parla de ce que son père lui avait raconté de sa naissance, de sa mère, de Jenna, et tout cela dura un petit moment. Et plus il progressait dans son récit, plus il voyait le doute la gagner, elle réalisait peu à peu. Au final, il n'était vraiment pas doué pour ça, trop brusque, trop à côté de la plaque, il n'avait pas l'habitude. Mais il voulait essayer, après tout, peut-être que ça valait le coup ?

Et puis, quand il eut terminé, elle se contenta d'acquiescer, l'air ailleurs. Et lui, il ne savait pas quoi faire, quoi dire pendant ce temps. C'était une situation trop bizarre, il était trop mal à l'aise, alors que d'habitude il n'avait aucun mal à dialoguer avec les autres. Aussi lorsqu'elle s'approcha doucement de lui, il fut pris par surprise. Maladroitement, il la serra dans ses bras, sans rien dire, profitant juste du moment en fin de compte. Il avait une petite sœur. C'était tellement bizarre, et pourtant, ça lui faisait plaisir. Il avait le sentiment d'avoir fait le bon choix en lui racontant tout, ils étaient de la même famille après tout. Bientôt il partirait à Durmstrang, mais il aurait quelqu'un à retrouver en rentrant. Et c'était bon à savoir.

Lorsqu'elle parla de sa mère, il ne put s'empêcher de légèrement tressaillir. Il ne se sentait pas prêt à parler d'elle. Il avait passé presque toute sa vie d'enfant à vouloir la connaître, puis à la détester pour l'avoir abandonné, lui et son père, et à présent, même s'il se découvrait une sœur, il était trop tard pour retrouver une mère, qui de toute manière ne voulait sans doute pas de lui. Il aurait voulu dire quelque chose, mais il avait peur d'être trop agressif ou méchant, il se contenta donc de hausser les épaules. Lui, ça ne le surprenait pas. Et en fait, ça ne le concernait même plus, il était passé à autre chose désormais. Quand elle s'excusa, il releva la tête vers Jenna, ne comprenant pas tout de suite. Elle s'excusait pour sa mère ? Ce n'est pas à toi de t'excuser, trancha-t-il d'un ton neutre. Il ne faisait que dire la vérité. Il était touché qu'elle s'excuse, mais ça n'avait pas lieu d'être. Ça n'était pas à elle de le faire.

Tant qu'ils en étaient aux déclarations et puisque sa grande annonce était passée, il se décida à aborder le sujet de son départ. Mais après tout, elle était peut-être déjà au courant. Ce n'était un secret pour personne au fond. Au fait, peut-être que tu le sais déjà, mais je pars pour Durmstrang la semaine prochaine. Je fais partie de la délégation de Poudlard ... Il avait dit ça sur un ton anodin, mais encore une fois –était-ce une habitude chez elle ?– il fut interrompu par une voix un brin hystérique. Son "affolement" le fit sourire plus qu'autre chose. Il n'était pas inconscient, il savait dans quoi il s'engageait, mais la voir s'inquiéter comme ça, c'était mignon, et drôle. Hey, pas de panique l'hystérique, ça va bien se passer. Je t'enverrai des lettres de là-bas ok ? Comme ça on restera en contact, promit-il en lui souriant. Il la vit grimacer au mot hystérique, prête à repasser à l'attaque. Hystérique ? Moi ? Mais t'es complètement inconscient ma parole, tu ne peux pas faire ce tournoi, tu- ... Elle s'interrompit. Quatre garçons venaient d'apparaître juste derrière Jason, tous sourires. Qu'est-ce que tu fout mec, on te cherche depuis tout à l'heure ! L'un d'eux jeta un regard intéressé vers Jenna, dont les joues avaient pris une légère teinte rosée. Je dois y aller, alors on se voit plus tard Jenna, d'accord ? Elle hocha la tête, lui adressant un demi-sourire contrit tandis qu'il était embarqué par ses potes. Décidément, ça n'était définitivement pas une journée comme les autres.

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