Dites moi ce qu'est l'amour [PV]

Myrielle Symphonie était confronté à un problème d’un genre nouveau. En effet, elle devait faire une dissertation pour le cours de sortilège qui s’intitulait « D’après feu Albus Dumbledore, l’amour est la magie la plus puissante de toutes. Commentez et discutez cette affirmation ». Sur le principe, elle voulait bien la faire cette dissert’ hein ! On vous jure ! Mais dans la pratique, rien que le terme « Amour » suffisait à la faire buguer. Depuis plus d’une demi heure, elle était devant sa feuille… toujours aussi impeccablement blanche ~~ou jaune, c’est du parchemin~~ qu’à l’origine. Enfin, elle avait bien écrit son nom, son année et sa maison… Oh et puis l’intitulé du sujet aussi ! Mais c’était tout. Comment pouvait-elle commenter les effets magiques de quelque chose qu’elle ne connaissait pas ? Bon, ok, elle aimait bien son frère, elle aimait bien aussi ses parents, et puis Justin ainsi que Perle… mais elle n’avait pas vraiment l’impression qu’il y est de la magie là-dedans. Dumbledore, dans sa grande sagesse, devait sûrement parler de quelque chose d’un peu plus fort que tout ça. L’amour avec un grand A, celui qu’on racontait dans les livres… celui que Myrielle donnerait cher pour ressentir mais à priori, c’était pas franchement à l’ordre du jour.

Elle avait pourtant tout pour elle. Elle était belle, charismatique, riche, sang pure… Mais un peu trop dangereuse peut-être. Cela devait faire peur aux garçons. C’est du moins ainsi qu’elle raisonnait devant sa feuille, tout en se disant que de toute façon, les hommes sont des idiots. Après tout, il suffisait de voir Nathan pour en être persuadé.

Soupirant, elle quitta son parchemin pour se diriger vers les longues rangés de livres qui constituaient le seul intérêt de la vieille bibliothèque poussiéreuse et mal éclairée de Poudlard. Elle effleura des doigts de nombreuses couvertures, cherchant celui qui peut-être l’aiderait à faire cette dissertation. Enfin, elle l’avait trouvé ! « Magie des Sentiments » par Petitpatron Bonaugure ! Elle mit la main dessus et allait le tirer pour le prendre de l’étagère la plus haute quand elle vit qu’une autre main s’était aussi posée dessus. Mince, ça c’était quand même vraiment pas de veine…

Elle enleva prestement sa main et se tourna vers celle qui voulait lui voler son bien. Oui, oui, « celle » parce que c’était une fille. Myrielle pinça les lèvres et se raisonna. Ils étaient dans la bibliothèque de l’école, c’était normal qu’une autre élève veuille le même livre qu’elle !

« Excuse moi, j’aimerais consulter ce livre si tu permets. Mais tu pourras l’emprunter ensuite. » Myrielle avait fait preuve d’une certaine amabilité parce qu’elle avait beau être à Serpentard, elle avait du savoir vivre. Pourtant, là, elle était quand même un peu contrariée parce qu’elle ne savait pas du tout quoi dire dans sa dissertation et, vraiment, si cette fille lui prenait son livre… et bah elle était dans les ennuis jusqu’au cou avec sa feuille blanche ! Alala… ce matin là, elle aurait mieux fait de rester couchée.

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Jenna sortit avec précipitation d'un cours d'histoire de la magie particulièrement éprouvant (inutile de dire que l'histoire de la magie n'est pas sa matière de prédilection). Déjà, parce qu'elle n'avait pas envie de passer une seconde de plus dans cette salle mal aérée et poussiéreuse, et ensuite, parce qu'aujourd'hui serait rendu à la bibliothèque le livre qu'elle attendait depuis des semaines. Elle avait voulu s'y rendre dés le matin, mais une fois n'est pas coutume, elle s'était réveillée en retard, et avait du sprinter pour arriver à l'heure à son premier cours. Donc, clairement, la Rouge et Or n'avait pas eu le temps de faire un saut à la bibliothèque. Et elle craignait que quelqu'un ait profité de ce temps pour emprunter fourbement le livre.

La jeune Gryffondor traversa les couloirs à toute vitesse, pressée d'arriver à la bibliothèque. Elle avait attendu ce livre depuis si longtemps, et ils n'avaient qu'un exemplaire à la bibliothèque. C'était un livre passionnant qui traitait du lien entre sentiments d'un sorcier et pouvoirs magiques, du moins c'est ce qu'elle avait dit lorsque le professeur l'avait interrogée au sujet de sa lecture. Habituellement, Jenna était plutôt du genre studieuse. Mais il s'avérait qu'elle avait malencontreusement fait tomber son exemplaire tout neuf dans le lac de Poudlard, et elle n'avait pas franchement eu envie de plonger pour aller le récupérer. ~~Et bien sûr dans ces cas-là, le Calmar Géant n'est jamais dispo !~~ Bref, elle avait contacté Fleury et Bott pour leur en acheter un nouveau bien sûr, mais étant donné sa chance légendaire, ils étaient en rupture de stock et n'en auraient plus avant un bout de temps. Résultat des courses, elle n'avait pas pu lire le bouquin parce qu'il n'était pas non plus à la bibliothèque, et puis il fallait admettre qu'elle ne s'y était pas vraiment prise à l'avance. Et elle avait une interro dessus le lendemain, autant dire qu'il était plus qu'urgent qu'elle lise ce foutu livre.

Jenna arriva enfin devant la bibliothèque, et poussa la porte qui était entrouverte. Elle passa devant le bureau de Madame Pince qui lui lança un regard courroucé qu'elle préféra éviter pour sa propre sécurité ~~(on sait jamais elle a peut-être le pouvoir de foudroyer les gens sur place)~~ et s'approcha de l'étagère qui concernait le domaine des sentiments. Comment séduire votre bien-aimée en 10 leçons, non. L'amour pour les nuls, non plus. Magie des Sentiments, ouf ! Il était là ! Personne ne l'avait pris avant elle ! Elle était sauvée ! La Rouge et Or leva le bras pour atteindre le bouquin, et non, elle n'était pas suffisamment grande et dut se mettre sur la pointe des pieds. Elle agrippa le livre, mais s'aperçut qu'une autre main était apparue pour le prendre également. Pas question ! Si elle ne lisait pas ce bouquin, elle était morte ! Néanmoins, elle laissa tomber son bras et se tourna vers la jeune fille qui cherchait à emprunter le même livre qu'elle.

Jenna put identifier à son blason qu'elle était de Serpentard, mais c'était tout ce qu'elle savait d'elle. Elle ne connaissait absolument pas la jeune fille, ne lui avait jamais parlé, et pouvait déduire de son air contrarié qu'elle n'était pas très contente. Manquerait plus qu'elle veuille elle aussi engager un duel en plein milieu de la bibliothèque. Merci bien, mais les 20 points en moins à Gryffondor et les réprimandes de Lane lui avaient suffi pour toute une vie. La Vert et Argent la pria sur un ton poli de lui laisser le livre car elle avait besoin de le consulter, ce qui revenait en gros à dire "dégage c'est moi qui l'aurai" sur un ton courtois.

- En d'autres circonstances, je te le laisserais, c'est certain. Mais là, c'est vraiment une situation d'urgence, il faut que je lise ce livre le plus rapidement possible. Tu pourras le consulter ensuite, répondit Jenna sur le même ton aimable, bien que son sourire était un peu crispé.

Elle avait besoin de ce livre. A tout prix. D'ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi la jeune fille le voulait aussi, après tout elles ne devaient pas être de la même année, sinon, elle l'aurait probablement reconnue. Alors pourquoi avait-elle tant besoin de ce bouquin ?

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La voilà bien ! Comment faire ? Myrielle réfléchit quelques secondes et finalement arriva à deux conclusions : elle pourrait mettre au tapis la jeune fille mais ce n’était pas raisonnable et en plus dans la bibliothèque, c’était un peu grillé… elle devait donc faire preuve de concession et éventuellement de bon sens. Elles avaient visiblement besoin toutes les deux du livre, et il n’y en avait qu’un.

« Ecoute, je dois rendre une dissertation demain et ce livre est mon seul moyen de la faire, sinon je vais rendre feuille blanche et j’aimerais autant que possible éviter. » Jusque là, il lui semblait qu’elle exposait plutôt clairement le problème. Maintenant, passons au plan B. « J’ai besoin de ce livre et toi aussi, donc je te propose un compromis. On va s’asseoir à ma table, on met le livre entre nous deux et on le lit en même temps. Niveau gain de temps, c’est pas ça, mais personne ne sera lésé et n’aura un Troll sur son bulletin. » Cela supposait que la Serpentard devrait supporter la Gryffondor mais aussi bizarre que cela puisse paraître, Myrielle était plutôt sociable et même si elle croyait à la supériorité de son sang et de sa maison, elle n’était pas de ceux qui agressaient autrui pour ces raisons. Par contre, elle pouvait parfois agresser autrui, mais c’était un autre problème.

En effet, Myrielle était quelqu’un de très lunatique, mais à un point que ça en devenait extrême. Elle frappait et posait les questions ensuite dès qu’elle était contrariée et il ne fallait pas se fier à sa silhouette toute fine, pour ses douze ans, elle était incroyablement forte. Passer les onze premières années de sa vie loin de tout à seulement faire du sport l’avait beaucoup endurcie. Elle pouvait donc être aussi violente et irraisonnée que douce et gentille. C’était selon… Là, elle était dans un bon jour mais il ne faudrait pas trop tirer sur la corde. Au final, tout était une question de nerfs et Myrielle les avait, à l’évidence, plutôt fragiles. C’était peut-être à cause de son enfance solitaire, ou encore à cause des durs entraînements qu’on lui faisait subir pour qu’elle soit la plus forte, la meilleure… ou alors… Non, on va s’arrêter là pour les suppositions. De toute façon, le vrai problème d’aujourd’hui c’était de comprendre l’amour n’est-ce pas ?

Après la réponse de Jenna, il y eut un léger silence durant lequel les deux jeunes filles s'observaient sans rien ajouter pour autant. De toute façon, la Gryffondor ne comptait pas céder, elle ne pouvait pas rendre copie blanche à son interro, et elle ne pouvait pas non plus deviner d'un seul coup ce qui se passait dans ce fichu livre. Donc, elle avait décidé que quoi que dirait la Serpentard, elle ne lui laisserait pas le livre, même si elle la menaçait. Il fallait qu'elle s'affirme pour une fois, marre de se faire attaquer par des filles complètement cinglées ! Qu'est-ce qu'elles avaient toutes dans les autres maisons ?

La Vert et Argent finit par lui expliquer pour quelle raison elle avait besoin du livre, et au final, son problème était globalement le même que celui de Jenna. Du coup, c'était plutôt embêtant, parce qu'il semblait qu'elles soient dans une impasse. Peut-être que si la Rouge et Or lui laissait le bouquin une heure ou deux le temps qu'elle fasse sa rédaction ... Non ! On s'affirme ! Pas question de ressortir de cette bibliothèque, sans "Magie des Sentiments", plutôt mourir ... Enfin peut-être pas à ce point là mais l'idée y était.

Pendant que la troisième année luttait intérieurement, la Serpentarde avait continué sa tirade, et lui proposait un arrangement. Jenna devait admettre que l'offre n'était pas dénuée de tout sens, mais clairement, elles risquaient d'y passer la soirée. Elle, il fallait qu'elle lise le livre en entier, elle ne pouvait pas attendre que sa ~~chère~~ camarade note des phrases ou des paragraphes. Son objectif, c'était d'abord la vitesse. Or, deux filles pour un livre, c'était pas vraiment l'idéal niveau rapidité.

Néanmoins, elle n'était pas vraiment en mesure de refuser puisque dans le cas contraire, ~~Myrielle allait la taper~~ elles se retrouvaient toutes les deux bloquées. Elle jeta un oeil vers l'étagère. Peut-être que si elle attrapait rapidement le livre et fuyait de la bibliothèque en courant jusqu'à sa salle commune, elle pourrait garder le bouquin rien que pour elle ? Problème, Madame Pince risquait de ne pas apprécier. Ni la Serpentarde d'ailleurs. Non, c'était pas forcément une super idée, deux nouvelles ennemies en une soirée ... Déjà qu'elle faisait en sorte de ne pas retomber sur Mayer, si en plus elle devait éviter la bibliothécaire et l'autre deuxième année là ... Non, pas envisageable. C'est pourquoi, elle décida d'en revenir à la solution de sa camarade.

- Très bien, j'imagine que c'est la meilleure option qu'on ait, concéda Jenna en tendant le bras pour récupérer le livre. ~~Mon précieuuuux~~

~~Parfait, maintenant cours !~~ Elle repéra la table de la jeune fille (en même temps c'était la seule table déserte avec un parchemin et des affaires scolaires posés dessus) et s'y rendit, sans vérifier qu'elle la suivait ~~-de toute façon le livre était en sa possession-~~. La Rouge et Or prit une chaise sur laquelle elle s'assit avant de déposer le livre sur la table. Allons-y ! Dans la joie et la bonne humeur.

Parfait, la Gryffondor n’était pas dénuée de bon sens au moins. Elle accepta le marché même s’il semblait que c’était à contrecœur. Le marché était cependant plus à l’avantage de Jenna que du sien puisque Myrielle n’avait besoin que des deux premiers chapitres du bouquin, soit l’introduction générale et le chapitre sur l’amour. Les autres sentiments, elle s’en fichait vu l’intitulé de sa dissertation. Observant rapidement le sommaire, elle soupira et s’assit à côté de la jeune fille. Elle tailla sa mine de plume et lissa son parchemin toujours aussi vierge. Pour une handicapé sentimentale comme elle, il n’y avait vraiment pas pire que ça comme sujet. En plus, elle n’en voyait pas l’utilité, ils avaient douze ans quoi ! Bref, tandis qu’elle se plaignait intérieurement, elle pris un second parchemin pour lui servir de brouillon. Si elle devait s’appliquer, elles n’en sortiraient jamais la Gryffondor et elle, c’était sûr !

« J’ai besoin que des deux premiers chapitres, après je te laisse le bouquin mais si ça te dérange pas trop j’aimerais qu’on aille pas trop vite pour que je puisse griffonner une ou deux citations. » Myrielle était très forte à la course mais pas tant que ça à l’écriture alors il faudrait que Jenna s’arme de patience mais pourquoi refuserait-elle ? Deux chapitres ce n’était même pas 50 pages du livre et en plus sa cadette était plutôt gentille. La Serpentard faisait beaucoup d’effort pour que leur coopération se passe du mieux possible. D’ailleurs, elle écrivait déjà quelques idées qu’elle venait de glaner dans la lecture de la première page, le tout le plus rapidement possible tant et si bien que ses mains parfaitement blanches étaient pleine d’encre. Elle détestait ça mais bon, plus vite elle en aurait fini avec ce devoir et mieux ce serait. Elle visait l’effort exceptionnel, qu’on voit qu’elle avait travaillé même si ce n’était pas terrible car elle n’avait aucune idée de ce qu’était le sentiment amoureux personnellement et elle se doutait bien que du coup sa dissertation aurait quelque chose d’un peu sec, guindé, sans saveur… car uniquement issue d’un livre qu’elle reformulerait et développerait.

« Pfff… » Soupira-t-elle en faisant signe à Jenna qu’elle pouvait tourner la page. « J’y connais rien à l’amour, c’est juste affreux comme dissert. » Il lui semblait que dans cette situation, c’était mieux de parler un peu à sa voisine. Elle refusait d’entrer dans le cliché de la Serpentard et de la Gryffondor qui se tapent dessus, c’était juste trop vulgaire pour elle. Elle pensait valoir mieux que ça et maintenant qu’elles partageaient le livre, leur problème de départ semblait réglé donc autant être un peu plus… civilisé ? « Moi c’est Myrielle, j’suis en deuxième année. Et toi ? » Tandis qu’en attendant la réponse, elle reposait les yeux sur le livre, elle fit un petit sourire qui se voulait gentil. Mais Myrielle avait une apparence un peu atypique, avec ses cheveux rouges sang, sa peau plus blanche de que de la porcelaine et ses lèvres teintes d’un carmin qui pour son âge pouvait passer pour déplacé… elle renvoyait un sentiment de gêne à ses interlocuteurs. Il ne fallait pas chercher bien loin pour deviner que Myrielle n’était pas comme les autres et pas seulement parce que son regard bleu était si clair qu’il paraissait blanc sous certains éclairages… On sentait qu’elle pouvait être dangereuse et qu’elle cachait quelque chose derrière cette teinte rouge très Gryffondor… C’était sûrement pour ça qu’elle avait aussi peu d’amis car elle avait plutôt bon fond vous ne trouvez pas ?

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La Vert et Argent vînt la rejoindre et prit le livre à la page du sommaire, avant de pousser un bref soupir. Elles étaient contraintes d'être à deux sur le même bouquin, enfin, sinon, l'une pouvait le garder et l'autre n'aurait qu'à improviser, mais quitte à choisir, Jenna préférait être la première personne, et elle était quasi certaine que c'était aussi le cas de l'autre élève. Se taper une mauvaise note maintenant, ce n'était vraiment pas l'idéal, et puis, écrire un essai sur un livre que l'on a même pas lu ... Non, il était préférable qu'elles partagent le livre, pour le meilleure ou pour le pire. La troisième année observa sa camarade préparer son matériel, et songea que faire de même pouvait être une bonne initiative, après tout, autant gagner le plus de temps possible. Même si elle devait seulement lire le livre pour le lendemain, il lui faudrait prendre quelques notes qu'elle pourrait utiliser ~~comme antisèches~~ pour réviser avant l'heure de l'interro. Elle sortit de son sac un parchemin vierge et une plume qu'elle fit tourner entre ses doigts, en attendant que la jeune fille soit prête. Jeune fille qui paraissait affligée lorsqu'elle sortit un deuxième parchemin de son sac. Elle s'adressa ensuite à la Lionne, lui indiquant qu'elle n'avait besoin que des deux premiers chapitres, et qu'il fallait qu'elles n'aillent pas trop rapidement, histoire qu'elle puisse prendre des notes.

- Pas de problème, répondit-elle en hochant la tête.

Les deux premiers chapitres ... Ceux sur l'amour ? Intéressant, en quelle année était-elle pour avoir un sujet pareil ? La Vert et Argent ne paraissait pas vraiment plus âgée qu'elle, et elle ne pouvait pas être dans son année sinon elle la connaîtrait, alors, deuxième année, ou quatrième année qui ne fait pas du tout son âge ? Quoiqu'il en soit, Jenna devait admettre que la jeune fille était conciliante ~~pour une Serpentard~~ et polie, c'était déjà une chance. Elle n'aurait pas aimé devoir lutter pour récupérer le livre, l'excès de duels était mauvais pour la santé, elle en était convaincue. Tandis que la Vert et Argent commençait à écrire à toute vitesse sur son parchemin, Jenna lut rapidement la première page. L'avantage, c'était qu'elle était vraiment très rapide pour la lecture, du coup lorsqu'elle se retrouvait dans ce genre de cas elle parvenait toujours à se débrouiller pour terminer le livre à temps. Quelques instants plus tard, sa condisciple lui indiqua qu'elle pouvait tourner la page, ce qu'elle fit, avant d'ajouter qu'elle ne connaissait absolument rien à l'amour d'un air résigné. La Gryffondor lui adressa un petit sourire compatissant.

- Je comprends, c'est vrai que c'est pas forcément facile à définir, concéda-t-elle. C'est quoi exactement ton sujet, expliquer le rapport entre magie et amour ? interrogea-t-elle sans attendre de réponse puisqu'elle regarda directement sur le parchemin de sa camarade.
L'intitulé de la question était écrit proprement en haut de la page, et après l'avoir lu elle releva la tête vers la Vert et Argent.

- Ah, je vois. Mais tu connais forcément un minimum de chose sur l'amour, remarqua Jenna. Tu n'as pas besoin de parler du sentiment amoureux dans le sens d'un couple, ça peut être l'amour qu'on éprouve pour ses parents, ses amis, son animal de compagnie ... Enfin, ça reste quand même difficile à expliquer, mais tu ne peux pas dire que tu ne connais vraiment rien à l'amour, c'est impossible, lui fit-elle remarquer avec précaution.

En effet, sa camarade semblait lasse et ennuyée, donc dans un état dans lequel on pouvait facilement s'énerver, même pour un rien. Pas le moment de se faire attaquée. La Vert et Argent finit par se présenter, et Jenna connut ainsi son année. Au final, elle avait plus ou moins visé juste.

- Eh bien, enchantée Myrielle. Pour ma part, je m'appelle Jenna, et je suis en troisième année, précisa-t-elle en souriant brièvement.

C'était quand même plus pratique lorsque l'on connaissait le nom des gens. Dans le cas contraire, on se trouvait obligé de formuler des phrases n'impliquant pas l'utilisation de leur prénom, et c'était embêtant quand on voulait les appeler et qu'ils ne se retournaient pas "Hé ho ! La fille ! Toi ! Tu m'entends ? Pourquoi tu pars ? C'est à toi que je parle !". Bref, c'était mieux comme ça. Myrielle lui adressa elle aussi un sourire avenant avant de se concentrer à nouveau sur le livre. Jenna s'étonna de ne pas l'avoir remarquée plus tôt, pourtant elle n'était vraiment pas le genre de personne qu'on pouvait louper, contrairement à elle, qui avait un physique plutôt banal au final. Ce qui lui plaisait vraiment dans son apparence, c'était ses yeux, d'un vert émeraude, identiques à ceux de son père. Seul détail qui était vraiment remarquable, du moins à ses yeux.

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C’était juste so ridicule de donner ce genre de sujet à des deuxième années, mais cela étant, c’était peut-être justement parce qu’ils étaient à peu près objectifs qu’on le leur avait donné alors qu’ils n’avaient jamais expérimenté le sentiment amoureux… Une fois qu’on tombait amoureux, on devenait dingue. Myrielle était bien placée pour le savoir avec les parents qu’elle avait. Après tout, s’ils n’avaient pas fuis leurs familles pour faire ce mariage insensé, leur vie aurait été plus simple…

« Oh si, on peut ne rien connaître à l’amour. Enfin, je ne peux pas dire que depuis que je suis à Poudlard ça n’a pas un peu changé mais dans l’absolu… » Elle ne développa pas sa pensée mais son regard trop clair se perdit sur les pages du livre. Elle revoyait sa grande maison entourée d’immenses champs, elle revoyait sa solitude au jour le jour... Il arrivait qu’elle ne croise pas un seul être humain pendant des semaines quand ses parents s’absentaient. D’ailleurs, elle ne savait pas si elle aimait ses parents. Elle avait le cœur froid et dur, elle se sentait incapable de faire quoi que ce soit… pour eux ? Oui, c’est ça. Si la même tragédie que celle de Justin lui arrivait, elle serait peut-être triste un temps, puis ça lui passerait, parce qu’elle avait l’habitude d’être seule. Pourquoi avaient-ils eut des enfants ? Mieux, pourquoi avec tant de différence d’âge ? Car elle aimait vraiment Nathan mais il était loin la plupart du temps, à Poudlard, quand elle était à leur manoir et juste quand elle y entrait lui en sortait. De plus, il avait sûrement mieux à faire que de s’occuper de sa petite sœur de sept ans sa cadette.

Reprenant conscience du lieu et du moment, elle écrivit rapidement quelques lignes sur son parchemin pour ne pas bloquer la Gryffondor qui se présenta. « Enchantée. » Commenta brièvement Myrielle tout en continuant à se presser pour écrire. Faisant une pause durant laquelle elle tourna son poignet endolori pour le dégourdir, elle tourna ses yeux bleu clairs vers la Gryffondor pour accrocher son regard émeraude. « Et toi, c’est quoi ton sujet ? » Elle l’aurait peut-être l’année prochaine, qui sait ? Pourtant, à les voir toutes les deux, on ne saurait pas dire qui est la plus vieille. Il est vrai que Myrielle faisait très précoce… mais là encore, c’était simplement une question d’éducation.

Lorsque Myrielle lui affirma catégoriquement qu'elle ne connaissait rien du tout ou presque à l'amour, Jenna détourna les yeux de la page qu'elle était occupée à lire pour réfléchir. Pouvait-on vraiment ne rien savoir du tout à propos de l'amour ? Clairement c'était un sentiment plus que difficile à définir et elles étaient loin d'être des expertes en vue de leurs jeunes âges, mais d'après ce qu'elle pouvait lire dans le livre et ce qu'elle savait, il y avait de l'amour partout dans les mondes sorcier et moldu, tous les bons sorciers en avaient besoin. La Rouge et Or trouvait que l'amour était un sujet tellement vaste, présentait tellement de facettes qu'il était presque impossible de le définir précisément. Elle n'avait encore jamais aimé un garçon, mais elle aimait énormément son père, plus que tout, même s'il l'avait quittée depuis des années à présent, et elle était persuadée que Myrielle avait déjà ressenti ce sentiment au moins une fois dans sa vie, le contraire lui paraissait inimaginable.

- Ce que je veux dire c'est qu'il doit bien y avoir une personne à qui tu tiens beaucoup, quelqu'un dont tu ne peux pas te passer, non ? insista-t-elle doucement. Elle ne voulait pas irriter la Vert et Argent ou la mettre en colère, mais elle n'arrivait tout simplement pas à croire qu'elle n'aimait personne. Ses parents, ses frères et sœurs si elle en avait ou ses amis, il y avait forcément quelqu'un à qui elle tenait et réciproquement. La troisième année était tellement perdue dans ses réflexions qu'elle ne remarqua pas tout de suite le regard brusquement absent de sa camarade. A la voir ainsi, elle sentait que la vie de la deuxième année n'avait pas forcément été toute rose, elle semblait étrangement fragile en cet instant. Peut-être était-ce pour cela qu'elle avait tant de mal à définir l'amour ?

Légèrement gênée par ce silence, Jenna reprit sa lecture, soucieuse de ne pas déranger la Serpentard qui paraissait totalement perdue dans ses pensées. Qu'est-ce qui pouvait bien la tourmenter comme ça ? Elle n'en avait aucune idée, mais elle aurait vraiment souhaité pouvoir l'aider, d'une quelconque manière. Cependant, la deuxième année sembla finalement reprendre ses esprits, et entreprit à nouveau de rédiger quelques notes. Elle se tourna ensuite vers la Rouge et Or pour l'interroger à propos de son sujet. Bonne question ...

- A vrai dire je n'ai pas vraiment de sujet, pour l'instant en tout cas. Je suis juste censée lire ce bouquin -je devrais l'avoir fini depuis longtemps d'ailleurs- et j'aurai une interrogation écrite dessus ou quelque chose comme ça demain, expliqua-t-elle en songeant que l'on ne l'y reprendrait pas à deux fois à prendre autant de retard sur un devoir. Mais au fond, tout ça c'était pas tout à fait de sa faute à elle, il ne fallait pas oublier les torts de la librairie Fleury et Bott dans cette histoire ! S'ils lui avaient envoyé un exemplaire du livre au lieu de clamer qu'ils étaient en rupture de stock -comme si des milliers de sorciers se pressaient pour acheter ce bouquin- elle n'aurait jamais eu autant de problèmes. Enfin, si elle n'avait pas été aussi maladroite surtout, mais ça elle ne le contrôlait pas. Elle avait beau faire des efforts, rien n'y faisait, c'en était même rageant !

Est-ce qu’il y avait une personne à qui elle tenait vraiment ? Hum… Le regard perdu sur les lignes, elle mordilla le bout de sa plume. Ce n’était pas une question facile. Il y avait Nathan bien entendu mais est-ce qu’elle l’aimait sincèrement ? Depuis qu’elle ne le voyait plus, elle en doutait. D’ailleurs, son grand frère devait bien se moquer de sa petite sœur, un peu comme ces parents égoïstes qui laissaient leur fille seule presque en permanence et ne lui avaient pas écrit depuis… depuis qu’elle était à Poudlard en fait. Alors, si sa famille était out, qui ?

« Peut-être Justin… Mais pas plus qu’un autre il n’est indispensable. » Elle releva ses yeux clairs et une scène passa devant elle qu’elle était seule à voir, comme le fantôme de son enfance. Si elle était aussi troublée face à son sujet de dissertation c’est peut-être simplement parce qu’autrefois elle avait aimé et cherché à aimer mais on l’avait si durement repoussée qu’elle se refusait maintenant aux sentiments. Elle revoyait comme si c’était hier sa main tendue vers une autre, plus grande, plus haute aussi… et cette même main repousser la sienne avec un air de dégoût. Si on ne voulait pas de son amour, alors elle préférait ne pas s’encombrer des attaches de ce sentiment. D’ailleurs, même si elle était proche de Justin, elle le trouvait froid. Lui comme les autres, elle ne pouvait pas compter dessus. Comme elle ne comptait pas sur Perle. Elle était sa meilleure amie mais c’était Myrielle qui la protégeait, pas l’inverse. Elle, elle ne comptait sur personne. Il fallait se battre pour survivre et c’était déjà dur seul…

« Ou peut-être Perle… » Moui, bon, même en admettant qu’elle les aime à sa manière, elle ne voyait pas le rapport avec ce qu’elle lisait dans ce satané bouquin. Cela ne lui donnait pas de force d’aimer, ça ne lui donnait sûrement pas de magie non plus. Non, elle avait sa baguette gravée par ses parents pour se souvenir que la seule chose qu’elle possédât était son art, son entraînement… sa propre force, celle forgée dans sa solitude et dans ses ténèbres.

Pour le bouquin, Myrielle soupira et prit de nouveau quelques notes. Si Jenna avait une interrogation écrite dessus, il serait peut-être bon que Myrielle en termine avec ce chapitre. « Je vais essayer de me dépêcher alors, je ne veux pas te causer de problèmes. » Cela pouvait paraître étonnant comme réplique dans la bouche d’une Serpentard mais la rouquine n’était pas comme les autres, elle avait bon fond… mais elle savait aussi être dure et froide. Elle n’aimait rien plus que de se jouer des personnes de peu de valeurs. Cela signifiait-il que Jenna avait une certaine valeur à ses yeux ? Peut-être, ou peut-être que le thème de la dissertation la ramollissait et faisait ressortir ses bons côtés. Elle-même ne le savait pas, tout ce qu’elle voyait c’est qu’elle allait avoir une mauvaise note à sa dissertation car elle allait tout pomper dans le bouquin à défaut de réellement en comprendre le sens…

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Tandis que Myrielle réfléchissait, l’air absent, à une réponse à donner à la question de Jenna, celle-ci songeait à ce qu’elle dirait si on lui avait demandé la même chose. Et clairement, elle n’aurait pas vraiment eu de nom à donner, en tout cas pas d’élève de Poudlard. Elle n’était pas vraiment proche de qui que ce soit, elle avait des amis, oui, mais personne qu’elle pouvait véritablement considérer comme un confident ou quelqu’un sur qui elle se reposerait. Elle fonctionnait seule et ne s’était jamais posée de question sur ses relations avec les autres élèves auparavant. La seule personne dont elle avait véritablement été proche était son père, mais depuis sa mort, elle n’avait plus eu la force, ou le courage, de créer de nouveaux liens de la sorte, et si une nouvelle fois elle perdait la personne qui comptait le plus pour elle ? C’était trop douloureux, et il lui semblait plus simple de n’avoir que des amis passagers, des connaissances, dont elle pouvait toujours se passer si cela s’avérait nécessaire. Cependant, contrairement à la deuxième année, elle n’avait pas de difficulté à trouver quelqu’un à qui elle tenait vraiment, mais sa réponse se résumait à un seul nom. La Vert et Argent finit par lui parler de son ami Justin avec hésitation, avant d’ajouter qu’il n’était pas réellement indispensable.

- Je comprends ce que tu veux dire, reconnut-elle en se mordillant la lèvre. Le problème était bien là, lorsqu’on ne s’attachait à personne, personne n’était indispensable, pas même les gens les plus gentils ou attentionnés, ils restaient juste des camarades temporaires. Myrielle lui parla ensuite d’une autre élève, mais sans paraître plus convaincue. Jenna ne savait pas vraiment quoi lui répondre, parce qu’elle se serait sentie hypocrite si elle lui disait qu’il fallait qu’elle s’attache plus à ses amis, parce qu’au fond elle-même ne le faisait pas, alors pourquoi la Vert et Argent devrait le faire ? La différence, c’était qu’elle avait son père, même s’il n’était plus là, alors que Myrielle ne semblait pas compter sur sa famille, elle n’avait cité ses parents à aucun moment, ni de quelconques frères et sœurs, presque comme s’ils n’existaient pas. Et la Rouge et Or se garda bien d’aborder le sujet. Pas question de mettre les pieds dans les plats, si elle n’en parlait c’était certainement justifié.

La Vert et Argent avait vraiment des difficultés à comprendre son sujet, elle paraissait complètement résignée et Jenna ne savait pas quoi ajouter, comment l’aider. Mais même si elle n’avait ni famille, ni amis suffisamment proches, il devait bien y avoir quelqu’un, une personne, une vie sans amour, était-ce vraiment possible ? Myrielle lui promit ensuite de se dépêcher, pour ne pas retarder la Gryffondor, et automatiquement, elle haussa légèrement les épaules.

- Ne t’inquiètes pas j’aurai le temps de finir, au pire je le lirai ce soir, prends ton temps, conseilla-t-elle ramenant ses yeux sur le livre. Elle était arrivée à la bibliothèque en tenant absolument à obtenir ce bouquin le plus vite possible, et à présent, ce qu’elle voulait vraiment faire, c’était aider sa camarade à finir son devoir, étrange non ? Mais Myrielle paraissait tant peiner à terminer sa dissertation qu’elle ne pouvait décemment pas l’abandonner à son triste sort.

- Hmm ... J’avais lu quelque part que l’amour permet parfois d’assurer la protection d’êtres auxquels on tient beaucoup, il peut faire office de bouclier en quelque sorte, mais ça restait très théorique, déclara-t-elle avec hésitation. Il peut pour ainsi dire renforcer les pouvoirs des sorciers j’imagine. Mais, est-ce que ça s’appliquait à tout le monde ? Jenna pensait au mage noir qui avait récemment été vaincu en l’occurrence, est-ce que sa puissance lui venait de l’amour ? Certainement pas, sinon il n’aurait pas été aussi cruel et barbare, non ? Alors en quoi l’amour était-il encore plus puissant ? Ce qui était certain c’est que c’était une force positive, l’amour permettait de faire le bien, contrairement à la magie noire. Mais tout ça restait trop vague aux yeux de la Rouge et Or. Au final, ce sujet de dissertation était peut-être un peu plus compliqué qu’il n’y paraissait au premier abord ...

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Elle comprenait disait-elle. Intéressant. L’esprit simpliste de Myrielle aurait plutôt eut tendance à penser qu’une Gryffondor comme Jenna aurait été incapable de saisir ce genre de notion. Pour les « gentils » est-ce que tout le monde n’est pas indispensable justement ? Si on retourne le problème dans l’autre sens (ce que Myrielle était en train de faire, toute prise qu’elle était dans sa réflexion), si tout le monde est indispensable, il est vrai que personne ne l’est vraiment. L’importance se noie dans la multitude comme un gâteau qu’on aurait émietté pour en donner à tous. Bien sûr, on leur accorde du crédit mais ce n’est pas avec une miette qu’ils se rempliront l’estomac. Voilà, peut-être que plus qu’un désintérêt totale, le fait que personne ne soit réellement indispensable à personne aux yeux de la serpentard comme à ceux de la gryffondor, c’est que tout le monde était un peu sur le même plan. Personne ne sortait du lot. Cela ne faisait pas d’elles des personnes méchantes. Elles étaient juste peut-être un peu blasées par la vie en générale…

« C’est une question compliquée tu vois… Parce que ce n’est pas que je ne m’intéresse à personne mais personne n’est irremplaçable à mes yeux. Au contraire, je les pense tous interchangeables. Je peux dire à mes amis que je les adore mais je n’ai pas assez foi en l’être humain en général pour leur accorder ma confiance…. » Elle ajouta, l’air un peu dans le vague. « C’est encore le meilleur moyen de ne pas être trahi… »

Pour ce qui était du livre, Myrielle se reprit et en recopia en notes encore une nouvelle page. Elle avait une écriture un peu brouillone, petite et penché, pourtant, elle ne manquait pas d’un certain charme bien qu’on pouvait parfois se demander comment elle faisait pour se relire. Peut-être qu’en griffonant encore plus, elle pourrait tromper le professeur sur le manque de contenu de sa dissertation ? Hum… probablement pas.

« Merci, c’est gentil. Je rame un peu je dois dire. » Et ça se voyait, à n’en pas douter.

Myrielle réfléchit aux explications de son aîné tout en mordillant sa plume. Cela revenait un peu à ce que disait Jenna mais dans ce cas, comment expliquer la puissance de la magie noire ? La magie de l’amour était-elle plus puissante ? « C’est intéressant mais je me demande quand même jusqu’à quel point il faut aimer pour que ce soit efficace… Tu sais, dans un combat – un vrai combat, pas un duel de sorcier – en général les sentiments sont mauvais. Ils troublent ton jugement et t’empêche de mener à bien ton combat. De ce fait, on devrait dire qu’en sorcellerie c’est le contraire… et pourtant, pour pratiquer la magie, il faut être concentrer… tu ne penses pas ? » Le professeur Flitwick serait fière d’elle. Elle débattait sur le sujet, ce qui était exactement ce qu’elle devait faire dans sa copie… mais il était bien plus simple de débattre avec quelqu’un que seule devant sa feuille.

Jenna hocha brièvement la tête aux paroles de Myrielle, pour marquer qu'elle était bien attentive à ce qu'elle disait, ce qui n'était pas forcément évident vu qu'elle réfléchissait tant bien que mal en même temps. Seulement ... N'était-elle pas un peu jeune pour avoir ce genre de pensées ? D'ailleurs, c'était vrai pour toutes les deux, est-ce que c'était vraiment la bonne démarche à adopter, d'être aussi peu enclines à s'ouvrir aux autres ? La dernière phrase de la Vert et Argent lui fit songer que non. Le fait était qu'elle pensait plus ou moins comme elle, mais, parce qu'il y avait un mais, elles n'avaient que douze et treize ans, il n'était pas normal qu'elles se soucient de ce genre de choses, il n'y avait pas de raisons qu'elles s'en préoccupent normalement et puis, au final que risquaient-elles à accorder leur confiance à une personne, rien qu'une ? Être trahies, bien sûr. Mais ce n'était pas tout à fait ce que craignait le plus la Lionne.

- Faire confiance à quelqu'un, en devenir proche, c'est surtout risquer de devenir dépendante de cette personne, je pense, et s'exposer à perdre cette personne, ne plus avoir de point de repère ... affirma-t-elle doucement, consciente d'en dire plus qu'elle ne l'avait souhaité. Là, elle n'était plus dans le cas général, elle parlait de ce qu'elle ressentait elle. Tu sais, je crois qu'au fond on y perd. Peut-être qu'en accordant sa confiance à quelqu'un, on encourt des souffrances, mais si on ne le fait jamais, on reste juste seul ... Et c'était le sentiment qu'elle avait depuis quelques temps. Elle aimait être à Poudlard, elle aimait ses camarades -ça dépend desquels- mais elle était toujours seule. Elle ne comptait toujours que sur elle-même, ses propres capacités, qui étaient généralement suffisantes, néanmoins, elle n'avait personne sur qui vraiment s'appuyer. Elle était toujours livrée à elle-même, même chez elle, enfin sauf quand sa mère décidait d'être là, ce qui arrivait plutôt rarement. La solitude lui pesait clairement.

Puis, Myrielle recommença à prendre des notes, et Jenna reprit sa lecture, parce qu'au fond elle était quand même là pour ça à la base, lire, pas réfléchir à des questions existentielles. Mais le bouquin l'ennuyait un peu, chose qui arrivait suffisamment rarement pour être soulignée, et elle devina que c'était sans doute à cause de cette question sur l'amour et tout ce qui en avait découlé.

- Hmmm, oui il est clair qu'il faut être concentré à deux cent pour cent pendant un duel, mais peut-être que l'amour permet de canaliser tes pouvoirs ? Elle avait du mal à exprimer clairement sa pensée, en même temps le problème dépassait quelque peu leur niveau, pour pouvoir tester cette affirmation il aurait fallu l'expérimenter en combat, ou avoir fait quelques recherches là dessus, minimum. Là elles ne pouvaient que conjecturer, sans savoir exactement si elles visaient juste ou pas. Ça ne te détourne pas forcément du combat, contrairement à la haine par exemple qui pourrait t'aveugler, là au contraire ça te pousse à te dépasser, je pense. Mais comment en être sure ?